Une sélection de 120 produits français et internationaux primés par Red Dot design award, essentiellement en 2016, constituent le corpus de la dernière exposition de la Cité du design.
L’exposition a pour titre « La valeur du design », le terme de valeur pris dans son acception première, la valeur sonnante et trébuchante que le design amène aux produits en termes de rentabilité économique, que ce soit dans la manière économe de les fabriquer, ou dans la capacité pour ces produits de trouver un marché. Une valeur monétaire du design que le Dr Peter Zec, directeur du Red Dot design award a théorisé dans l’ouvrage qu’il a coécrit, Design Value. Il explique : « La méthode de la valeur du design permet de mesurer la valeur que les entreprises génèrent à l’aide du design. Ainsi, le design n’est plus considéré par les entreprises comme un facteur de coût pur, mais comme un investissement et une force motrice pour la croissance économique ». Peter Zec a observé qu’« en un siècle, les artisans, les designers et les esprits créatifs en général ont joué un rôle de plus en plus important dans le monde de l’entreprise. Leur influence n’est jamais aussi grande que lorsqu’une stratégie créative rencontre la réussite des affaires ». Pour conclure : « Mon organisation a prouvé que le design doit être mis en oeuvre en tant que partie intégrante de la stratégie de gestion globale de l’entreprise ».
Ce qu’il fallait démontrer au travers de cette exposition qui présente 120 produits, de 30 pays, primés justement par son organisation, Red Dot, un des plus renommés des concours internationaux, créé en 1954 à Essen en Allemagne, ville membre du réseau des 22 villes Unesco de design à l’instar de Saint-Étienne.
« Avec cette exposition, dont le commissariat est assuré par Vito Orazem et Nils Borghs du Red Dot design museum, il s’agit de donner à voir les meilleures productions d’entreprises internationales qui ont parié sur le design comme facteur de compétitivité », explique Ludovic Noël, directeur général de la Cité du design. Il s’agit « à nouveau, de montrer et démontrer que le design permet à l’entreprise de proposer plus de valeur, de se différencier, d’ouvrir de nouveaux marchés et, au final, de se développer et de pérenniser son activité. »
Six univers
L’exposition s’articule autour de six univers. Au rayon mobilité on trouve des offres de cycles mais aussi des véhicules qui résolvent des problématiques de sécurité comme la Citroën Cactus, ou des questions d’encombrement par la miniaturisation, telles ces raquettes à neige « de poche ». Elles sont gonflables.
Les matériaux intelligents, autres univers où l’on trouve de la créativité : un papier très résistant à base de poudre de pierre, réalisé à Taïwan, mais aussi un airbag pour skieur qui se déploie au moment où la chute est perçue et analysée via un système de capteurs comme inévitable.
L’univers sciences de la vie met en valeur des dispositifs médicaux dont l’aspect valorisant les identifie à des articles de sport. Il y a aussi des sextoys.
L’ergonomie, maître mot de la démarche design a sa place aussi avec des objets tout simples, tel ce marteau au manche revêtu de cuir pour absorber les vibrations…
Dans l’espace la vie moderne, l’exposition concentre des articles de mobilier utilitaire revisités pour un usage décoratif : un extincteur intégré à la pièce que l’on ne cache plus dans un placard, un radiateur en tableau réfléchissant.
Enfin, les drones et autres conceptions robotiques sont les vedettes de l’espace technologies intelligentes. Un voyage dans le futur.
Les français et les régionaux ne sont pas oubliés
Parmi cette sélection de 120 objets primés, une quinzaine de produits ont été conçus par des designers français ou commercialisés par des entreprises françaises parmi lesquels on comptera trois entreprises rhônalpines : Schneider Electric (38) pour son armoire électrique intégrée dans l’environnement d’une pièce à vivre, Gerflor (69) pour un revêtement adapté aux espaces à forte circulation, In&Motion (74) pour le ski airbag.
Vito Orazem, commissaire de l’exposition
Slovène d’origine, Vito Orazem travaille depuis 1992 au Design Zentrum Nordrhein Westfalen, d’abord en tant que chef de projet, puis depuis 2003 en tant que directeur général.
Le Design Zentrum Nordrhein Westfalen à Essen est l’un des plus anciens et l’une des plus réputées institutions de conception dans le monde entier. Il abrite le musée Red Dot design et le prix éponyme.
L’exposition didactique, La valeur du design, à la Cité du design à Saint-Etienne (42000), se tient jusqu’au 8 janvier 2017.
Author : Daniel BRIGNON pour L’Essor
Vignette de l’article : crédits photo Daniel Brignon – Un ski airbag individuel et un gilet pare balles discret