Revue de presse » *** Quand les icônes du design se verdissent

*** Quand les icônes du design se verdissent

Les éditeurs de design repensent leurs classiques de manière (plus) responsable : nouveaux matériaux, textiles recyclés, laques moins toxiques, élimination des pigments…. L’enjeu : se verdir sans dénaturer la version originelle.

 

Les Fauteuils LC2 et LC3 (1964-65), chez Cassina

Pionnières de la modernité, les pièces dessinées par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand il y a un demi-siècle sont mondialement connues. En collaboration avec la Fondation Le Corbusier et les héritiers des coauteurs, Cassina a souhaité rééditer ces modèles historiques pour qu’ils collent avec l’époque. « Grâce aux recherches effectuées par Cassina LAB, la collaboration du Centre de recherche et développement de Cassina et le Poli. design de l’Ecole polytechnique de Milan, les fauteuils LC2 et LC3 ont été réactualisés, dans une version écologique », communique la Fondation. La mousse d’abord : des polyols issus de matières bio-renouvelables y ont été intégrés. Le rembourrage ensuite : une fibre soufflée 100 % recyclée – obtenue à̀ partir de PET d’origine marine – a été incorporée dans les coussins et assises. Non seulement les fauteuils LC2 et LC3 sont plus écologiques, mais ils ont aussi gagné en confort ! Charlotte Perriand aurait approuvé.

 

… Ceci est un article de Clara Le Fort publié le 26 février 2021 pour Les Echos

 

Le meuble de rangement Componibili (1968) chez Kartell

L’entreprise italienne, qui a fait des pièces en plastique sa spécialité, lance Kartell Loves the Planet début 2020 avec pour mission de « n’utiliser que des matières premières entièrement recyclables ». Pour imaginer la version durable du meuble de rangement Componibili, un matériau dérivé de déchets de production agricole non comestibles a été mis au point. Le défi suivant fut d’adapter cette biomasse naturelle à une échelle industrielle . L »injecter et la mouler comme des plastiques dits « classiques » n’était pas acquis. In fine, respecter l’enjeu industriel et l’ADN de la marque est primordial pour Claudio Luti, président de Kartell : « La nouvelle conscience verte impose des défis aux entreprises. Il ne s’agit pas seulement de créer un produit qui ait une âme verte, mais de mettre en place une véritable stratégie industrielle qui implique toute la filière de production, du plan d’entreprise au marketing, en passant par les actions de communication et le réseau de vente. Nous devons parler de qualité durable d’un produit et aussi de filière de production durable, afin de garantir des pièces respectueuses de la santé du consommateur. »

 

La chaise Tip Ton (2011) , chez Vitra

Imaginée par le duo de designers Barber & Osgerby en 2011, la chaise Tip Ton était produite en plastique il y a une décennie. Repensée, Tip Ton Re est aujourd’hui fabriquée à partir de matériaux recyclés, ensemble de déchets plastiques ménagers collectés en Allemagne. « Il faut accepter de faire des changements lorsque vous passez à un matériau durable. Il peut s’agir d’ajuster la géométrie, comme de restreindre la palette de couleurs : si la forme de TipTon Re est identique à l’original, il fut impossible de conserver les couleurs vives d’origine comme le vert ou le jaune », explique Christian Grosen Rasmussen, Chief Design Officer. Sans colorant, la version 100 % recyclée est grise et non uniforme : le nouveau matériau recyclé comporte de petits points de couleur qui correspondent aux différents lots de plastique ménager. « Cette version 100 % recyclée laisse place à une surface plus vivante et ajoute de la profondeur au matériau, ce qui est très enrichissant », conclut Christian Grosen Rasmussen.

 

L’assise Sacco (1968) chez Zanotta

Pièce phare du design italien dessinée par les jeunes architectes Gatti, Paolini et Teodoro il y a cinquante ans, le pouf Sacco inaugurait un mode de vie plus disruptif, moins formel. Issues de l’économie circulaire, les matières choisies pour la fabrication du Sacco sont désormais recyclées, biodégradables et compostables.L’enveloppe en tissu Econyl® est composée à 100 % de nylon recyclé, issus de filets de pêche usagés et de déchets plastiques marins. L’intérieur du « sac » est à son tour rempli de microbilles BioFoam® : en bioplastique biodégradable et compostable, elles sont dérivées de la canne à sucre.

 

Le canapé Camaleonda (années 1970), chez B & B Italia

Pièce phare du designer italien Mario Bellini, le canapé modulable Camaleonda a gagné en élasticité et ergonomie tactile dans sa réédition écologique : les rembourrages ont été complètement repensés par le Centre de recherche-développement de B & B Italia, jusqu’à̀ les rendre plus confortables que ceux d’origine.« Lorsqu’il m’a été demandé de mettre Camaleonda au goût du jour, je ne pouvais me résoudre à changer la forme ! Quant à changer les matériaux, cela sous-entendait de repenser la structure du meuble pour le transformer en objet durable », déclare Mario Bellini.Aussi, c’est toute la structure en sandwich du canapé qui a été réévaluée : constituées de matériaux recyclés ou recyclables, les couches sont facilement démontables et par conséquent facilement recyclables. Le rembourrage est protégé par un revêtement amovible en dacron, textile synthétique obtenu à̀ partir de PET recyclé.

 

Le tabouret Stool 60 (1933), Chez Artek

Icône du design signé du finlandais Alvar Aalto, le tabouret Stool 60 de la collection L-leg a reçu de nombreux prix en matière de durabilité depuis sa première commercialisation il y a près de quatre-vingt-dix ans. Depuis les années 1920, les produits Artek sont produits en Finlande dans le strict respect des ressources naturelles, forêts de pins et bouleaux écogérées. Adapter le catalogue Artek aux exigences environnementales modernes n’était pas un grand défi en soi. Ne rien changer de l’héritage du grand Alvar Aalto, en revanche, était une absolue priorité. « Nous avons éliminé toutes les laques à base de solvants, pour leur préférer celles à base d’eau », explique-t-on chez Artek. Si la différence ne se voit pas à l’oeil nu, chaque tabouret gagne en « naturalité ». Avec son programme « Buy Now, Keep Forever », la marque finlandaise met également un point d’honneur à réparer ses classiques : certainement l’approche la plus durable qui soit.

 

 

Vignette de l’article : Le pouf Sacco chez Zanotta | Crédit SARAMAGNI

 

Pertinence et intérêt de l’article selon [[[[ designer.s ]]]] :

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(i) . Informatif