En intervenant dès l’origine des projets, avant même le cahier des charges, le design de l’offre renoue avec une tradition de designer-inventeur. Et permet aux entreprises de se différencier par l’innovation.
Le design est désormais au cœur de nombreuses activités économiques, culturelles ou sociales. Cependant, ces avancées sont peut-être un leurre. En effet, dans le numérique, si le designer est désormais à la mode, il est plutôt un technicien du « comment faire les choses » plutôt qu’un acteur du « que proposer ». Le design y est fragmenté entre experts de la forme, de l’ergonomie, des utilisateurs ou de la facilitation, qui proposent un ensemble de spécialités, de représentations et de productions plus que des propositions innovantes.
Cependant, on constate désormais l’apparition de demandes d’entreprises pour un « design de l’offre », c’est-à-dire invitant le design à la genèse des projets, bien avant un quelconque cahier des charges. Le design y est alors utilisé pour sa capacité à être force de proposition. Ces demandes sont moins nouvelles qu’issues des visions et pratiques du design historique et de la création industrielle. Le designer y est appelé à créer, à inventer, c’est-à-dire à proposer ce qui n’existe pas encore, à l’exemple des pratiques d’un designer-ingénieur-entrepreneur comme Jean Prouvé, de Roger Tallon, de Marc Berthier, de Stéphane Bureaux ou d’entreprises comme Bertin ou Technès.
Dans ce cadre, le design devient un hybride entre création, bureau d’étude technologique, anthropologie des usages et marketing incarné, à l’exemple du constructeur automobile Mazda, qui a renouvelé son offre en s’appuyant sur ses designers plutôt que sur ses marketeurs et ses ingénieurs, et en supprimant les méthodes de test utilisateur. Le design de l’offre émane souvent des services innovation ou stratégie de grands groupes, mais aussi de PME ou d’acteurs publics et territoriaux. Il est également employé par de très nombreuses start-up car il permet de gagner en temps, en efficacité et en spécificité. Avec lui, le designer doit posséder des compétences variées, conceptuelles, technologiques, esthétiques et économiques.
Le design de l’offre nous rappelle l’importance de la création dans le processus d’innovation. C’est peut-être ce qu’il nous faut conduire pour enfin nous différencier des approches uniformes et identiques présentes sur toute la planète (« expérience utilisateur, « lean management », etc.), et ainsi, réellement innover.
Auteur : Jean-Louis Fréchin, président de l’Agence Nodesign, pour Les Echos
Vignette de l’article : Fabien Clairefond pour « Les Echos »
Pertinence et intérêt de l’article selon designer.s !
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(i) . Informatif