Il n’y a que la langue anglaise pour exprimer en deux mots – Design Thinking – autant de sens concentré : la pensée par le design (on parle aussi d’esprit design pour traduire le concept). Mais quel design ? Non pas une « esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leur fonction » (Wikipedia). Mais le sens plein de design en anglais, celui à propos duquel Steve Jobs, le créateur d’Apple, disait que « la plupart des gens font l’erreur de penser que le design, c’est l’apparence […] Ce n’est pas comme ça que nous définissons le design […] Le design, c’est comment ça marche. »
Et ce « comment ça marche » s’applique à tous les domaines : l’éducation, la recherche, la santé, les transports, le développement durable, l’industrie, les services, l’entreprise, tout. Il s’agit d’une approche créative, collaborative, itérative – celle des designers au sens où crée un Philippe Starck, par exemple –, mais appliquée à la conception de produits, à l’élaboration de services. C’est une démarche d’innovation. Mais comme toutes les entreprises, pour exister, recherchent l’innovation, le Design Thinking prend tout son sens : une démarche de valeur.
[Extrait]
Il faut échouer tôt pour réussir plus vite
La plus simple : le DT, c’est un processus de conception centré sur les besoins des utilisateurs. Ou : une co-création interdisciplinaire pour générer les idées, l’expérimentation en feedback, les ajustements. À la fois une méthodologie, un processus, un état d’esprit, « inspirés de la pensée et de la boîte à outils des designers ». Concevoir l’expérience que vit l’utilisateur, passer d’une logique d’innovation du produit ou du service à la prise en compte de l’expérience de l’utilisateur. Et à partir de ce vécu, en tirer des produits/services. Les adeptes du DT partagent un vocabulaire. Ils/elles parlent de désirabilité – usage – liée à la faisabilité – technique – avant la viabilité – la traduction dans l’économie réelle, le business.
Autrement dit, des produits et services « désirables, viables, réalisables ». Une autre façon de l’exprimer passe par des mots clés : empathie (emphatize, se mettre à la place de), définition (define), analyse des problématiques, idéation (ideate), recherche de solutions, prototypage : mise en place de solutions (prototypes), test (et droit à l’erreur). Se tromper et en tirer des leçons est l’essence même de la démarche. Tim Brown a lancé un slogan qui fait florès chez les designers : « Il faut échouer tôt pour réussir plus vite. » « Le but, dit-il, est de produire quelque chose via une première étape, puis l’utiliser pour continuer à apprendre, continuer à interroger et continuer à tester. Quand les concepteurs centrés sur l’humain parviennent à une réponse pertinente, c’est parce qu’ils se sont trompés en premier. »
Johanna Lapray, de French Bureau, le dit à sa façon : « Le DT, c’est rêver à mieux, même quand tout semble révolu. » Résumons : le DT appréhende de façon novatrice l’innovation elle-même. Il associe en équipe ingénieurs, marketeurs, créatifs qui vont en passer par les étapes évoquées plus haut pour aboutir à un MVP (Minimum Viable Product), première mise sur le marché.
[Extrait – Fin]
Saint-Étienne, capitale du Design Thinking
Ce matin-là, c’est même toute une région, Auvergne-Rhône-Alpes, autour de Saint-Étienne, qui va montrer qu’une grande ville, ses industriels et ses partenaires se sont mis en France à l’heure du Design Thinking. Le président de la Métropole et maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, révèle que cette métropole autrefois minière, textile, s’est réinventée autour du design en créant une Cité du même nom sur l’emplacement de la mythique manufacture d’armes ! La municipalité prêche auprès des entreprises locales, expose avec une Biennale internationale, incube, réinvente auprès des citoyens. Traduction : cinq entrepreneur/es ont montré du DT en action en France. Élisabeth Ducottet, présidente de Thuasne (spécialiste des orthèses conçues à partir de l’expérience utilisateur). Fabrice Romano, entrepreneur multiple, fondateur de Keranova et ses robots chirurgiens de l’œil. Guillaume Pasquier, président de Clextral, spécialiste de la transformation des céréales et des protéines végétales, a bâti son avenir en intégrant le DT dans sa projection. Anne Elviro, fondatrice d’Innov’Sens, « accompagne des dirigeants et des managers amenés en permanence à prévoir l’imprévisible, contrôler l’incontrôlable et faire plus avec moins, à se sentir libérés et à gagner du temps et de l’énergie ». Florence Mathieu, auteure de Le Design Thinking par la pratique (Eyrolles), enseignante à la d.school de Paris (École des Ponts) et fondatrice d’Aïna, « ajoute de la vie aux années » des seniors. Quant à Muriel Garcia, présidente d’Innov’Acteurs, elle « remet de l’humain » entre autres « au sein du groupe La Poste ».
Ces manières de (re)penser à la façon des designers pourrait infuser toute la nation France. Pour le meilleur.
Auteur.e : Olivier Magnan
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