Dans l’univers digital, l’innovation ne cesse d’étonner. On assiste aujourd’hui à l’avènement du web sémantique, au volume exponentiel de données, à la prédiction et recommandation en temps réel. De nouvelles prouesses sont réalisées dans le domaine de l’intelligence artificielle et des objets connectés, de l’impression 3D, la robotique ou encore dans la réalité virtuelle ou la biométrie. En réalité, ce qui surprend le plus dans l’innovation, ce sont les usages qui sont faits de ces technologies et qui induisent une transformation structurelle et durable du business des entreprises. Ce phénomène touche tous les secteurs d’activité, sans qu’il soit nécessairement identifié ou anticipé par les entreprises.
La société, avide d’expériences simplifiant le quotidien et de services apportant une réelle valeur d’usage, est à l’origine même de cette Uberisation de l’économie (cf Bruno Teboul « Uberisation = Economie déchirée ? »). cette origine réside dans la quête de gain de temps entres autres, d’argent, de sécurité, de « fun », tant avec les marques, les distributeurs, les services financiers, les services publics, les professionnels de santé, de l’énergie, de notre sécurité… Plusieurs secteurs sont déjà touchés par l’Uberisation, dont voici quelques exemples les plus parlants.
Les voitures connectées
Le secteur automobile est en pleine mutation : l’entrée en lice mi-2014 d’acteurs comme Google (Android Auto) et Apple (Carplay) dans l’habitacle de la voiture donne lieu à toutes les suppositions sur le rôle exact que chacun va vouloir occuper dans les prochaines années. Par exemple, Google irait-il jusqu’à commercialiser ses « Google cars »? La seule certitude réside dans l’orientation vers une « servicialisation » des véhicules. Des startups de la Valley surnommées les « hackers de la data », associées à des opérateurs téléphoniques, équipent déjà les voitures de boîtiers et proposent aux conducteurs des packs de services en tout genre (diagnostic, paiement de parking…).
L’agriculture
En raison de son image « traditionnelle », le secteur agricole est rarement associé aux technologies numériques de pointe. Or, l’usage de ces innovations se répand rapidement auprès des agriculteurs, car elles peuvent les aider à maximiser leurs récoltes et leurs revenus. De multiples équipements agricoles sont dorénavant connectés entre eux, exploitant également des données de géolocalisation. Cet ensemble permet de coordonner et d’optimiser le système agricole. Par exemple, des bineuses automatisées injectent des engrais azotés à une profondeur et à intervalles spécifiques, tandis qu’un semoir suit et dépose les graines directement dans le sol fertilisé.
La santé
15 millions de français souffrent de maladies chroniques, des affections de longue durée qui représentent 70% des coûts de santé. La télétransmission automatique de données de santé des patients à domicile vers les professionnels de santé permettrait un suivi continu et personnalisé pour le patient.
Autre illustration : 9,2% de la population française est âgée de plus de 75 ans, et le suivi de cette population est un enjeu majeur pour notre système de santé. Le télé-suivi quotidien des personnes âgées permettrait de réduire le nombre de séjours à l’hôpital et d’intervenir rapidement en cas de nécessité.
L’assurance
Le coeur du métier de l’assurance consiste en la protection des biens, mais il évolue vers le bien-être des assurés, l’assistance et la prévoyance. Ainsi, Axa Assistance envisage d’avoir recours à des robots dans un avenir proche afin de proposer un ensemble de services de compagnie aux personnes âgées. Serge Morelli, PDG du groupe AXA, a récemment déclaré : « un robot pourrait aider à la prise de médicaments à heures fixes ». Les robots d’accompagnement pourraient ainsi permettre aux personnes âgées de conserver une certaine autonomie en leur fournissant toute sorte d’aide et devenir un intermédiaire entre le client et le service d’assistance.
La banque
La digue érigée par les réglementations française et européenne préserve le secteur bancaire de l’entrée de nouveaux acteurs, mais le monde du paiement est en train de se standardiser et la digue commence à céder. La menace vient en particulier des services proposés par les fameux GAFA (2), comme Google Wallet et Apple Pay, qui reposent sur l’enregistrement unique des moyens de paiement sur un compte client pour ensuite régler l’ensemble des achats en toute simplicité. Facebook et Snapchat se sont récemment lancés avec un service de transfert d’argent via l’application de messagerie instantanée, pour aisément partager une addition ou rembourser un ami.
L’éducation
Les universités les plus prestigieuses des Etats-Unis – Harvard, Standford, Princeton – se targuent d’intégrer chaque année moins d’un dixième des candidats éligibles, créant ainsi un sentiment d’élitisme par la rareté, et pratiquant à l’occasion des frais de scolarité prohibitifs. Il existe aujourd’hui une alternative beaucoup moins onéreuse et totalement innovante : la nouvelle université Minerva. Celle-ci s’adresse à l’ensemble de la nouvelle élite et est basée sur une plate-forme technologique et pédagogique pensée par un expert de l’enseignement, qui supprime la sacro-sainte conférence et se focalise sur des cours collaboratifs de moins de 20 élèves.
Le secteur IT
Chacun pourrait penser qu’Amazon, Google, Microsoft, IBM sont à l’abri d’une transformation 3.0 dont ils sont aujourd’hui les fières icônes, produisant et opérant les milliers d’ordinateurs et les « data centers » à l’origine de calculs haute-performance. Or une jeune pousse du nom de Qarnot Computing, constatant que ces « datacenters » chauffent terriblement et que leur refroidissement est un gouffre énergétique, a inventé des «ordinateurs radiateurs» qui peuvent non seulement être utilisés pour produire de la puissance informatique, mais également servir à chauffer particuliers et établissements gratuitement.
C’est pourquoi les fameuses « start-ups » (Uber, Airbnb, GAFA(2)…), non entravées par un héritageidentitaire ou figées dans une approche concurrentielle, ont investi cet espace intermédiaire entre une demande toujours plus exigeante et une offre qui n’existait pas. Elles font figure d’« hackers d’industries », prenant une place de leader des écosystèmes industriels qu’elles recomposent, reléguant les acteurs institutionnels à une position de fournisseurs.
Notre conviction est que les entreprises, jeunes ou moins jeunes, peuvent et doivent se prendre en main et (re)trouver une attitude agile, innovante et entrepreneuriale. C’est à ce seul prix qu’elles trouveront leur place, qu’elles créeront de la valeur, dans ces nouveaux écosystèmes dont la finalité est une vie – la nôtre – meilleure (bien être, bien vivre, bien travailler, bien vieillir) !
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Author : Article proposé et rédigé par Serge DARLES, directeur de l’équipe Business Technologie & Innovation au sein du groupe Keyrus et mis en ligne par Anais RICHARDIN pour Maddyness
Vignette de l’article : Crédit photo : Shutterstock