Je souhaite vous partager un mémoire vraiment passionnant que sur la diversité des enseignements et des pratiques en design. Rédigé par Mme. Dall’Armellina, le postulat de départ est simple mais percutant : « J’ai fait des études supérieures en design, et je ne serai pas designer. »
En effet, c’est le cas d’énormément de camarades de classes que j’ai pu avoir durant mes études, je crois qu’une petite dizaine seulement est devenue designer… ou moins. L’enseignement du design varie énormément d’une école à une autre et le métier même de designer varie énormément d’un individu à un autre, d’une entreprise à une autre, d’une culture à une autre. C’est aussi pour cela qu’il m’intéresse….
Dans ce mémoire sont relevés trois types d’enseignement du design :
. L’enseignement de la théorie minimale : l’enseignement se fait principalement par la pratique et par des praticiens
. La théorie comme cadre interprétatif : ce sont plutôt des écoles d’arts et de design publiques qui préparent au DNAP et DNSEP.
. Aborder le Design, et son enseignement, comme une science appliquée : Le design, entre art et industrie se positionne, entre autre, dans le champ de la technologie
Vous allez le voir dans ce mémoire, mais au travers de ces trois grands types d’enseignement, nous pouvons commencer à questionner le pourquoi du design, à quoi est-il destiné et quelle est son aspect social, politique.
Mais avant cela, je voulais vous proposer deux extraits principaux :
J’ai fait des études supérieures en design, et je ne serai pas designer !
« Après cinq ans d’études « autour du design », entre productions réelles -effectives et caractérisées d’objets utile(isables) et use(ables)- et productions textuelles, caractérisées de recherche, je cherche encore ma place. Après une formation de trois ans, sanctionnée par un Diplôme National d’Arts Plastiques (DNAP) à l’école nationale supérieure d’art et de design de Reims, école publique dépendant du ministère de la culture et de la communication, j’ai pu intégrer l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne puisque mon diplôme de praticienne du design est reconnu comme une Licence par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le système de l’enseignement supérieur français est relativement perméable et permet le passage d’une formation à une autre, tant que les intitulés des diplômes sont équivalents. Entre le « design objet/Espace » proposé à Reims, le « design packaging/objet graphique » des écoles du ministère de l’éducation nationale et le « design et environnements » dispensé à la Sorbonne, quelle place doit occuper le praticien ? Et le penseur ? D’ailleurs doivent –ils être deux figures distinctes ? Quelles sont les orientations des uns, et des autres ministères, directeurs, enseignants, étudiants ? Quels apprentissages du design dispense t-on en France en 2014, et pour quels pratiques ? Le design m’intéresse depuis son intérieur, c’est à dire depuis son enseignement, et c’est un état des lieux critique que je tenterais de mettre en place ici, en m’appuyant sur les différents traitements de « l’apprendre » dépendant des différents ministères de tutelle des établissements d’enseignement du design. »
Quels enseignements du design pour quels métiers ?
« Dans le domaine artistique, qui a une propension à envisager un autre mode d’enseignement que le modèle académique, de nombreuses écoles ont essayé de redéfinir, d’adapter ou même d’inventer une manière différente d’enseigner. Le succès du Bauhaus réside par exemple dans son intention d’adapter son enseignement à la double exigence de l’art et de l’industrie. Walter Gropius s’empare en effet du contexte d’après guerre qui est le sien pour imaginer une nouvelle forme de société, dans laquelle l’école est un moteur d’innovation esthétique et sociale. Une école alternative prend en effet tout son sens lorsqu’elle s’inscrit dans un contexte d’émancipation ou de crise, alors aujourd’hui, de quels comportements l’école de design pourrait-elle devenir l’alternative ?
Les économistes s’accordent à le dire, le modèle du capitalisme vit depuis 2007 une crise économique sans précédent. Cette crise repose sur une contradiction fondamentale de ce système, entre la nécessité de créer sans cesse de nouveaux marchés pour vendre une production en hausse constante, et le fait que la création de ces marchés engendre de nouveaux producteurs, qui vont accélérer à leur tour ce besoin de nouveaux marchés. En somme l’homme se retrouve mis au cœur d’un système du « toujours plus » qu’il ne parvient plus à maîtriser. Le rôle d’une école de design alternative aujourd’hui résiderait dans l’analyse, la compréhension, et l’absorption – ou le détournement – de ce postulat. Quelles questions faut il se poser, lorsqu’on est un créateur aujourd’hui, dans un contexte qui relève à la fois de comportements liés à l’opulences et à une crise économique, à la fois de production effrénée et d’obsolescence programmée. Quel enseignement alternatif du design pour une société basée sur ces contradictions ?
Le contexte actuel présente un terreau très satisfaisant pour développer une école alternative de création. En 1860 déjà, le penseur Léon Tolstoi réfléchissait à une manière d’émanciper le peuple : il souhaitait établir non pas une école, mais un « certain rapport à la culture. » Dans le champ du design, qui relève à la fois de l’académique et de l’artistique, de l’art et de l’industrie, de l’usage et du sensible, cette question du « comment apprendre » doit être au cœur du sujet : il faut éduquer l’œil et la main pour unifier l’esprit et les sens, satisfaire le sensible, et satisfaire les sens. Une école de design alternative est possible, mais quelle serait cette école aujourd’hui ? Quels enseignements du design pour quels métiers ? »
Je ne sais pas si vous lirez l’intégralité de ce mémoire mais pour résumer, les éléments importants abordés sont :
. Les différences entre les écoles d’art et de design, les écoles d’arts appliqués et les autres…
. La question des Ministères qui gèrent ces écoles. Certains dépendent du Ministère de l’éducation nationale, d’autres du Ministère de la culture et de la communication, d’autres du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’autres encore sont des écoles conjointement gérées par plusieurs Ministères.
. Quels seraient les nouveaux modèles d’écoles ? Une vision horizontale, une théorie des intelligences multiples : le projet pédagogique
. La question de l’apprentissage par les « hypers médias »
. Et de passionnant entretiens avec Olivier Duval, Dominique Doulain, Joel Paubel et Loic Horellou
[…]
Auteur : Rédigé par Geoffrey DORNE pour https://graphism.fr
Pertinence et intérêt de l’article selon designer.s !
Article de 2014, très intéressant !!
***** Exceptionnel, pépite
**** Très intéressant et/ou focus
*** Intéressant
** Faible, approximatif
* Mauvais, très critiquable