Selon un rapport de Capgemini et Altimeter, Paris occupe la troisième position, derrière la Silicon Valley et Londres, en termes d’attractivité des centres d’innovation. La capitale française accueille en effet 4.000 startups. De quoi stimuler les initiatives en la matière. De plus en plus, la tendance est à la co-innovation, c’est-à-dire un partenariat entre les grands groupes et les jeunes pousses. Pourquoi ? Parce que tout le monde y gagne. Par Stéphane Allaire, PDG d’Objenious
Si en France le phénomène est relativement récent, dans la Silicon Valley, il constitue une norme depuis les années 2000. En effet, contrairement aux idées reçues, il est difficile pour une grande entreprise de se montrer véritablement innovant. Trois raisons à cela : trop d’argent, trop de temps, trop de gens ! Une situation méconnue des start-ups confrontées à l’inverse à de fortes contraintes en la matière. Il faut savoir aller chercher ailleurs cette innovation. En ce sens, un partenariat s’avère enrichissant à la fois en termes d’innovation, mais aussi humainement.
Avec l’uberisation actuelle de la société, tout s’accélère
Les services innovants se multiplient et parmi eux, l’IoTisation se développe à vitesse grand V. En effet, Cisco prévoit que d’ici 2020, 50 milliards d’objets pourraient être connectés à Internet, et représenterait un marché équivalent à 1.700 milliards de dollars selon IDC, soit une croissance de 17 % par an ! Premiers consommateurs de ces objets connectés selon Deloitte : les entreprises elles-mêmes et non les particuliers. En effet, le cabinet estime qu’à terme, 60% des objets connectés sans fil seront achetés, payés et utilisés par des entreprises. En conséquence, les startups et les grands groupes en priorité se sont rués sur ce marché en pleine explosion. 1,7 million de développeurs ont travaillé en totalité ou en partie sur des projets liés à l’IoT en 2014 selon ABI Research.
C’est pourquoi il est essentiel d’innover en permanence. Et les entreprises françaises l’ont bien compris. Ainsi, selon le dernier baromètre Act One-HEC, la moitié des grandes entreprises ont désormais créé la fonction de directeur de l’innovation. Près de 20% d’entre eux siègent même au comité de direction, un chiffre qui a doublé en trois ans. Autre témoin de cette prise de conscience : le budget moyen accordé à l’innovation a augmenté de 50,6% et les effectifs de 12,2%, dont un tiers de création de postes. Les entreprises s’adaptent donc et s’organisent en conséquence pour accompagner ces évolutions. Parmi leurs attributions : la veille prospective (78%), l’orientation et la mise en place de la stratégie (70%), et la mise en œuvre du marketing (68%). Quid de l’innovation intrinsèque ? C’est là que les startups interviennent !
L’IoT impose une approche d’innovation permanente
Comment s’y prendre alors ? En se montrant disruptif et en externalisant les idées. Le directeur de l’innovation se transforme alors en dénicheur de talents, non pas pour les intégrer à ses équipes, mais pour nouer un partenariat. L’objectif : établir une relation sur le long terme pour construire ensemble, développer des produits, faire mûrir les startups et les intégrer ensuite au sein de différents projets du groupe. Une véritable relation win-win : les startups apportent l’innovation et les organisations, un environnement favorable et stable : hébergement, conseils, financement et aussi coworking, source de créativité.
Témoin également de cette tendance actuelle : les concours aujourd’hui se multiplient comme le hackaton, dans lesquels on favorise le co-développement. Même les meilleurs restent moins bons qu’une communauté ! De plus, certaines entreprises n’hésitent alors pas à incuber ensuite les projets les plus aboutis en leur fournissant un écosystème, des bureaux, des moyens… pour les aider à développer leur produit.
TF1 a ainsi créé son propre incubateur – à l’image de Paris & Co, Numa… – et héberge ainsi 8 jeunes startups dans ses locaux. Elles bénéficient ainsi des atouts d’un grand groupe en termes de structure d’accueil et de capacités financières, tout en restant indépendantes. Un terrain favorable à l’innovation. En France, Bouygues Télécom apparaît comme un pionnier de la co-innovation : ainsi, sa démarche Bouygues Télécom Initiatives accueille 32 projets en co-développement. Depuis 2009, ce sont plus de mille projets qui ont d’ores et déjà été étudiés.
Une telle politique incite souvent à une innovation interne sous forme d’intrapreneuriat à l’image de Pernod Ricard qui tous les ans lancent des appels à projet en interne qu’ils font mûrir ensuite.
Un véritable levier d’innovation pour l’entreprise
De nombreuses organisations essaient ainsi de prototyper puis de développer les projets les plus pertinents de leurs collaborateurs. Bouygues Telecom vient de lancer cette initiative avec les kits de développement d’Objenious auprès de l’ensemble des collaborateurs.
L’Internet des objets est un secteur naissant dans lequel tout reste à créer. L’innovation y est alors omniprésente. C’est pourquoi il est essentiel d’embarquer un maximum d’acteurs pour accélérer cette innovation et anticiper les besoins futurs. Le gage de bénéficier d’un haut niveau de créativité plus rapidement et à moindre coût.
Author : Stéphane Allaire pour La Tribune