C’est la première fois qu’une galerie intègre son outil de recherche et de production. Axée sur des pièces en édition limitée, elle sera à Art Basel la semaine prochaine.
La semaine prochaine, elle sera en bonne place dans la section design de la prestigieuse foire Art Basel, en Suisse. Carpenters Workshop Gallery est une habituée des grands Salons d’art. « Nous avons axé notre “business model” sur l’international, en participant à 16 foires par an, moyennant un budget conséquent de 1 million d’euros. Notre concept est de positionner nos pièces de design comme des œuvres d’art », souligne Julien Lombrail.
Avec son ami d’enfance Loïc Le Gaillard, il a fondé en 2006 cette galerie spécialisée dans le design contemporain de collection, produit en édition limitée : ses tables, chaises, fauteuils, luminaires, sont autant de « sculptures fonctionnelles » dont les prix s’échelonnent de 5.000 euros à 500.000 euros. « On compte seulement une dizaine de galeries dans le monde sur ce créneau. En France, la galerie Neotu, aujourd’hui disparue, nous a inspirés », poursuit Julien Lombrail.
Le succès est rapidement au rendez-vous. Après un premier espace de 300 mètres carrés à Londres, dans le quartier de Chelsea, puis un second de 220 mètres carrés à Mayfair, Carpenters ouvre une troisième galerie de 600 mètres carrés à Paris dans le Marais en 2011.
Nouvelle clientèle
Dernière étape, il y a quelques mois : l’acquisition d’une ancienne fonderie d’art de 8.000 mètres carrés à Roissy, dédiée à la recherche-développement artistique, rassemblant l’élite des artisans d’art, dont un virtuose du bronze. « C’est la première fois qu’une galerie intègre ainsi verticalement son outil de production et finance sa R&D », insiste Julien Lombrail. Dans ce lieu de fabrication, de stockage, et d’exposition, certains des 35 artistes-designers représentés par la galerie ont même un atelier permanent comme les frères Campana.
Carpenters fait travailler aujourd’hui 45 personnes entre Paris et Londres, et réalise un chiffre d’affaires consolidé de 18 millions d’euros. « Nos prix de revient sont élevés et nos marges deux fois moindres que dans une galerie d’art traditionnelle. Mais le spectre de clientèle est hallucinant, et la demande plus importante que l’offre. De plus en plus d’acheteurs fortunés s’intéressent au design contemporain, et de nouveaux territoires s’ouvrent : Corée, Brésil, Golfe… C’est l’âge d’or des grands décorateurs comme Peter Marino ou Jacques Grange » remarque le jeune chef d’entreprise, qui peut se targuer d’avoir réussi là où de célèbres marchands tels Gagosian, Thaddeus Ropas, Emmanuel Perrotin, ont jeté l’éponge. Ce qui lui a valu les honneurs du « New York Times » en mars…
Author : Martine ROBERT pour Les Echos
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