Quelles études et formations avez-vous suivies pour devenir designer de services ?
Après un cursus scientifique, j’ai fait un an de prépa artistique, puis ai étudié à l’ENSCI-les Ateliers et au Media Lab Helsinki.
Comment avez-vous débuté dans ce métier ?
En créant une agence avec deux amis de l’école, en 2009 ! Nous sommes dix permanents et deux stagiaires.
Quelles sont vos missions ? Quel est votre rôle auprès des équipes du projet ?
Je suis le directeur créatif de User Studio. Cela veut dire beaucoup de choses à la fois… J’ai notamment pour mission de proposer une vision, un positionnement pour l’agence vis-à-vis des nouvelles formes d’interaction, des nouvelles technologies à notre disposition, des nouvelles pratiques sociales en vogue. En somme je développe notre R&D et passe mon temps à remettre en question notre approche du design. C’est fatigant mais exaltant !
Par extension, je prototype beaucoup de choses : avec du code, de l’électronique, de la découpe laser, de la vidéo, du son, bref, j’anime aussi notre fab lab au sens large. Ce qui m’amène à arbitrer beaucoup de questions de design (notamment UX et UI) et des questions techniques pour nos équipes projet, que j’assiste dans des tâches de réalisation très diverses. J’aime leur répéter que je suis à leur service, littéralement.
Vis-à-vis de nos clients, mon rôle est variable : sur certains projets, je peux réaliser les premiers rendez-vous, rédiger la proposition commerciale, assister à presque toutes les réunions aux côtés de l’équipe. Sur d’autres, je n’ai quasiment aucun contact avec le client, même si je suis impliqué en back-office.
Et pour compléter, j’anime une bonne partie de la com de l’agence via des articles dans des revues de design, de marketing, scientifiques, ou encore via des conférences, notre site web, les réseaux sociaux, etc. Pas le temps de m’ennuyer !
Quelles sont les compétences et qualités nécessaires pour exercer ce métier ?
Histoire de vous embêter un peu, je n’appellerais pas le design de services un métier… Il s’agit plutôt d’un ensemble de métiers, de pratiques, d’expériences, de connaissances techniques et méthodologiques, et surtout d’un état d’esprit permettant de s’attaquer à des questions systémiques, englobantes, pour lesquelles on doit avoir un appétit sans faille. Il faut faire de la veille sur de très nombreux sujets, observer, s’intéresser aux détails, chercher les failles, décortiquer. Tout cela au service d’un but : proposer de nouvelles formes, de nouvelles expériences. Que des qualités de designer, en somme !
Chose essentielle, c’est une activité complexe qui se pratique à plusieurs. Le mythe du créateur génial, seul dans son atelier, n’a plus cours. Il faut donc être prêt à écouter, à faire des compromis pour atteindre des résultats qui nous dépassent toujours. Et c’est tant mieux.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un jeune ou à une personne en reconversion professionnelle qui souhaiterait devenir designer de services ?
Je lui dirais notamment qu’il ou elle doit savoir faire des choses. Savoir dessiner, écrire, coder, modéliser en 3D, concevoir des espaces, des produits, etc. ce qu’il ou elle veut, pourvu que ce soit riche en sens et en expression, et que ça ne se résume pas à coller des post-it sur des paperboards pendant des ateliers. L’activité du designer de services est bien trop souvent caricaturée de cette manière.
Interview de Matthieu Savary, designer de services, User Studio, pour designers interactifs
Pertinence et intérêt de l’article selon designer.s !
***** Exceptionnel, pépite
**** Très intéressant et/ou focus
*** Intéressant
** Faible, approximatif
* Mauvais, très critiquable