Fleuron français de l’automobile, Valeo fait partie de ces entreprises résolument tournées vers l’Open Innovation. Une démarche structurée en quatre temps, comme l’explique Guillaume Devauchelle, directeur de l’innovation chez Valeo.
Le secteur automobile consacre toute son énergie à l’innovation. C’est ce que laissent entrevoir les nombreuses actualités des différents constructeurs et la portée médiatique des projets fous des nouveaux arrivants Google et Tesla.
En France, on cite facilement PSA et Renault et pourtant le fleuron hexagonal en matière d’innovation automobile s’appelle Valeo. Créée en 1923 à Saint-Ouen l’entreprise tricolore a tout d’un grand groupe. Tout, y compris la forte culture et les lourdeurs organisationnelles. Mais son sens prononcé pour l’innovation pousse la compagnie à se remettre constamment en question, y compris dans sa façon d’innover.
Une démarche résolument tournée vers l’extérieur depuis des années, quand de nombreuses entreprises fond de l’Open Innovation leur nouveau cheval de bataille.
Historiquement d’abord, Valeo s’est structuré autour de bureaux d’études très fermés, mais rapidement la recherche scientifique est devenue collaborative au point d’aboutir sur une véritable démarche d’Open Innovation avec chercheurs, experts, puis d’autres entreprises, voire même des étudiants.
Un long chemin du combattant puisqu’au le secteur de l’ingénierie est très cloisonné, avec des métiers spécifiques par expertise.
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«Nous avons dû tout décloisonné car chaque spécificité devient hybride. C’est notamment lié à la révolution de la mécatronique. La voiture qui était un objet isolé s’inscrit aujourd’hui dans un cadre beaucoup plus large» explique Guillaume Devauchelle, directeur de l’innovation chez Valeo
Cette mutation explique le besoin d’aller chercher d’autres acteurs, issus d’entreprises qui sont parfois éloignées. En effet, on ne parle plus de voiture mais de mobilité.
A ceux qui se demanderaient encore si s’ouvrir n’est pas plus risqué qu’intéressant, Valeo répond que la meilleure protection, c’est la vitesse d’exécution. Il s’agit pourtant du cinquième dépositaire de brevet en France, mais la meilleure défense c’est l’attaque. Le rythme de l’innovation a au moins doublé avec le numérique, il devient donc impossible d’avancer seul.
Des universités aux PME, Valeo s’ouvrent sur l’écosystème
La démarche d’Open Innovation de Valeo s’articule autour de quatre piliers. Deux d’entre eux sont relativement évidents.
#1 Tout d’abord la collaboration avec les homologues. Par exemple, l’entreprise a signé il y a deux ans un accord avec Safran pour procéder à un échange de brique technologique. Une collaboration technique notamment sur les projets de voiture autonome et connectée. Parmi les travaux, citons le système d’identification et de vigilance du conducteur. Safran a ainsi adapté Morpho Argus, une technologie temps réel de détection de visages et d’identification de personnes dans des flux vidéo, à des applications automobiles spécifiées par Valeo.
#2 Ensuite la recherche collaborative scientifique. En effet, entre 50 et 100 accords avec des chaires universitaires, des masters, et autres doctorants sont actuellement en place. Créée fin 2012, la chaire industrielle Matinnov (Matériaux innovants) est l’exemple même de la démarche d’excellence scientifique et technologique entre Valeo et un laboratoire de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Cette chaire ambitionne de répondre aux enjeux technologiques, réglementaires, économiques, sociétaux et environnementaux de l’automobile du futur, en participant activement à l’élaboration des véhicules « décarbonés » destinés grand public.
Les deux autres piliers sont quant à eux bien plus complexes et récemment instaurés .
#3 Un travail collaboratif avec les PME et startups. La multiplicité des opportunités dans notre monde complexifie la tâche, il faut savoir aller à l’essentiel et se fixer des objectifs. Ainsi Valeo a choisi la Californie pour ouvrir un bureau passé de 4 à 20 personnes comprenant notamment un centre de veille et un incubateur. Ce qui est compliqué dans cette approche, c’est l’importance de comprendre que les objectifs d’une startup et celle d’un grand groupe ne sont pas les mêmes. C’est une logique donnant-donnant, qui demande en outre au grand groupe de faire attention à préserver la jeune pousse.
«Le risque c’est que les entreprises ne soient pas patientes. Voilà pourquoi nous portons un intérêt aux fonds d’investissements et aux incubateurs, qui permettent de partager le risque avec d’autres pour être plus patient» concède Guillaume Devauchelle
#4 Le dernier axe réside dans la collaboration avec un public d’étudiants. C’est ainsi qu’à vu le jour le Valeo Innovation Challenge. La première édition de ce concours d’innovation et de prospective (fin 2014) ouvert aux étudiants et doctorants du monde entier, a rapporté 969 projets dont trois ont été distingués. Développé par l’université fédérale du Minas Gerais (Brésil), le lauréat est une innovation qui couple directement le moteur et la pompe hydraulique. Avec cette boîte de vitesses d’un nouveau genre, le véhicule consomme moins de carburant et émet moins de CO2. Les deux étudiants de l’équipe, Alexandre Bemquerer et Ana Carla So Campos, ont remporté 100 000 euros pour poursuivre leurs recherches.
En bref, le secteur de Valeo à savoir l’Automobile passe de problématiques produits à celles des usages. Plus que jamais l’entreprise se doit d’être à l’écoute des besoins, de quoi légitimer sa démarche d’Open Innovation.
Author : Vincent PUREN pour MADDYNESS