Avec la transition énergétique qui devrait être initiée cette année, la France fait le pari d’une politique plus écologique et, surtout, plus économique. Tandis que le secteur des technologies vertes est massivement ouvert aux start-up et PME, l’Etat, par le biais notamment d’ERDF, encourage fortement l’innovation en matière d’économie verte.
« La troisième révolution industrielle a commencé » d’après Jeremy Rifkin, économiste américain spécialisé dans la prospective, scientifique notamment. Pour cet essayiste, l’économie telle que nous l’envisageons aujourd’hui est profondément marquée par la révolution numérique ; Internet devient la nouvelle trame des échanges, quels qu’ils soient, et les intermédiaires – entreprises essentiellement – doivent revoir entièrement leur modèle. « Prenez l’énergie : si la production se fait au niveau des habitations et que les consommateurs se l’échangent par Internet, le rôle des compagnies d’électricité ne sera plus de fournir du courant, mais de gérer les informations… permettant ces échanges », selon Jeremy Rifkin.
En France, ce secteur de l’énergie est particulièrement – et positivement – affecté par ce bouleversement technologique. Cela suppose, cependant, un certain nombre d’innovations, essentiellement portées par des start-up à la pointe de l’évolution. Evolution par ailleurs fortement encouragée par l’Etat et le principal acteur tricolore dans le domaine de l’électricité : EDF.
Du mieux pour les start-up françaises des cleantech
Tandis que le projet de loi relatif à la transition énergétique est de nouveau présenté à l’Assemblée nationale en mai, après une première lecture infructueuse devant les deux chambres, le paysage de l’énergie en France devrait dans les prochaines années virer au vert. C’est, en effet, vers les énergies renouvelables que se tourneront les différents acteurs, afin, notamment, de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
En 2011, GreenUnivers, leader de l’information économique et financière sur le green business en France, crée l’Observatoire des start-up françaises des cleantech. Chaque année, celui-ci réalise une enquête auprès de ces structures pour suivre leur parcours sur le chemin de la croissance verte. Selon le média spécialisé, 718 start-up – tous secteurs confondus : énergies renouvelables, écomobilité, efficacité énergétique… – sont recensées depuis la création de l’Observatoire. En février dernier, 117 d’entre elles ont répondu à l’enquête, couvrant un large panel de domaines : de la chimie verte aux smart grids, en passant par le stockage de l’énergie et les transports.
Si la période 2012-2013 a, de l’avis général, été délicate – 75 % des start-up ayant enregistré un chiffre d’affaires (CA) inférieur à 500 000 euros –, la mise en place du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) associée à la baisse de l’euro sont jugées positivement par les acteurs. A l’issue de l’enquête, 75 % d’entre eux envisagent de créer jusqu’à cinq emplois, tandis que 64 % augmenteront leur CA de plus de 50 %. En 2014, près de la moitié des start-up interrogées ont déposé au moins un brevet – 3 % d’entre elles en ont déposé quatre ou plus.
Preuve que le secteur se porte bien : certaines start-up ambitionnent même de se refinancer en Bourse d’ici peu. C’est, par exemple, le cas de Lucibel, spécialisée dans les LED, qui cherche à augmenter le nombre de ses actions en circulation sur Alternext, filiale d’Euronext, première place boursière européenne.
ERDF encourage fortement l’innovation énergétique
Hormis les avantages fiscaux et conjoncturels précités, les start-up innovantes bénéficient, en France, d’un terreau favorable à leur développement. Tous les acteurs – institutionnels, étatiques, économiques – se mobilisent pour faire de la transition énergétique l’un des « chantiers majeurs du quinquennat », comme le voulait François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012.
Ainsi Electricité réseau distribution France (ERDF) encourage-t-elle l’innovation dans la distribution électrique, grâce, notamment, au développement des smart grids, ou réseaux intelligents. Ces derniers utilisent des technologies informatiques de manière à optimiser la production, la distribution et la consommation d’électricité. Grâce à des ramifications en réseaux, les acteurs – producteur, distributeur, consommateur – sont interconnectés en permanence, ce qui permet une rationalisation de l’énergie et, de ce fait, des gains à plusieurs échelles – environnementale, économique.
Par le biais d’un concours – « Réseaux électriques intelligents » – organisé en partenariat avec SmartGrids France – dispositif collaboratif valorisant la filière smart grids tricolore – et ouvert aux PME et start-up, ERDF souhaite donc « faire émerger de l’innovation sur des besoins ciblés de gestionnaires de réseaux de distribution d’électricité », d’après les organisateurs. Les candidats pourront concourir dans plusieurs thèmes parmi huit, et devront en tout cas rivaliser d’inventivité et d’innovation afin de « consolider les filières électriques et informatiques françaises sur de nouveaux marchés à forte croissance ».
Ce rapprochement entre électrique et informatique est d’ailleurs au cœur de l’action d’ERDF cette année. 2015 devrait effectivement voir la mise en place des trois premiers millions de compteurs électriques nouvelle génération, baptisés Linky, sur un total de 35 millions début 2020. Ce boîtier intelligent n’est autre que la pierre angulaire du système smart grid, sur lequel repose la politique énergétique engagée par ERDF. En pratique, Linky communiquera les informations énergétiques du consommateur au distributeur, qui pourra gérer à distance la quantité d’électricité nécessaire, et ce au sein d’un réseau interconnecté à l’échelle du quartier et même de la ville.
La mise en place de ce boitier pourrait permettre, à terme, l’intégration des énergies renouvelables dans le circuit de consommation électrique ; un système qui approfondirait le mécanisme dit d’effacement de consommation, et diminuerait le gâchis énergétique. D’où l’importance d’encourager l’innovation, dans le secteur des énergies vertes notamment, comme le fait ERDF.
Pourrait se mettre en place, dans quelques années, un circuit vertueux où le consommateur serait également le producteur, et partagerait au sein d’un même quartier son surplus d’énergie. C’est, en tout cas, à ce nouveau modèle d’économie sociale et solidaire, que Jeremy Rifkin fait allusion lorsqu’il évoque sa « troisième révolution industrielle ».
Author : Melissa PETRUCCI, contribution volontaire, pour Natura-Sciences