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*** Les stylos Bic à la pointe de l’innovation

Le groupe français fabrique lui-même tous les composants de ses produits. Son modèle industriel lui permet de maintenir en France la moitié de sa production mondiale.

Une cartouche d’encre, un tube plastique, une pointe, une bille, un bouchon, un capuchon. Avec ses 140 millions d’exemplaires vendus en France chaque année et ses 140 milliards dans le monde depuis sa conception en 1950 par le baron Marcel Bich, le Cristal Bic paraît un objet du quotidien extrêmement simple.

En apparence seulement. « La prouesse technologique est d’avoir réussi à faire un produit de masse performant avec un rapport qualité prix imbattable », souligne Marie Saglio, directrice générale de Bic France.

Vendu autour de 30 centimes d’euros en moyenne, le Cristal Bic affiche sans complexe près de trois kilomètres d’écriture, sans la moindre tache, tout en utilisant deux fois moins de matières que ses concurrents. « On le perd souvent plus vite qu’on ne l’use », note la dirigeante de Bic.

Trois millions de stylos fabriqués chaque jour

Pour comprendre les recettes du succès, direction Montévrain (Seine-et-Marne), dans l’Est parisien, juste à côté du parc Disneyland Paris. C’est là que Bic a installé en 2000 son usine de stylos à bille, qui étaient jusqu’alors réalisés à Clichy (Hauts-de-Seine), où se trouve d’ailleurs toujours le siège social.

C’est l’un des sept sites du groupe en France (cinq pour la papeterie, un pour les briquets, un pour les rasoirs). Il alimente toute l’Europe en stylos à bille (le Bic Cristal, le Bic orange à la pointe plus fine, le M10, le premier stylo rétractable lancé en 1966, ainsi que le « 4 couleurs »).

On y fabrique trois millions d’exemplaires par jour. Le site fournit également des composants (des billes, des pointes, de l’encre) pour les unités du groupe implantées dans les autres continents.

L’usine est grande comme quatre terrains de football. La chaîne de fabrication est extrêmement automatisée et tout est produit sur place, même les ressorts des stylos. « La matière première entre d’un côté, les produits finis sortent de l’autre », résume Benoît Bemer, le directeur du site, qui emploie 300 personnes.

Maîtrise des coûts

La poudre de carbure de tungstène est compressée en pellets, qui sont transformés en petites billes, arasées au dixième de micron près (soit le centième du diamètre d’un cheveu !), afin d’être parfaitement sphériques pour bien alimenter la pointe du stylo en encre. Arrivant en bobines, les fils de laiton sont usinés pour devenir des pointes dans lesquelles sont serties les billes.

L’encre est également faite sur place, à partir des colorants produits dans l’usine alsacienne de Bic. Dans les tuyaux installés au plafond et qui traversent l’usine, on entend la circulation des petites billes de plastiques qui vont être extrudées. Et tout à la fin, un robot met dans les cartons d’expédition des paquets de 1 000 stylos.

C’est l’une des clés de la réussite de Bic, devenu numéro un mondial des produits d’écriture. Avec ses gros volumes, l’entreprise réalise des économies d’échelle sur les achats et peut mieux maîtriser ses coûts de revient. Elle va même jusqu’à concevoir ses machines et ses moules. « Nous exerçons ainsi un contrôle total sur la qualité et la fiabilité de nos produits », explique Benoît Bemer.

Une entreprise toujours familiale

Cette intégration verticale fait de l’entreprise Bic un modèle industriel unique dans le secteur. C’est ce qui lui a permis de conserver une longueur d’avance sur ses concurrents en continuant à fabriquer dans l’Hexagone. La moitié de sa production est réalisée en France, où elle ne réalise pourtant que 8 % de ses ventes.

À chaque étape de la fabrication, l’obsession de la qualité permet au groupe de se vanter de n’avoir jamais eu le moindre rappel pour ses produits. Chacune des sept millions de billes produites quotidiennement à Montévrain sont vérifiées. Pour tester la qualité de l’écriture, des pointes sont prélevées de manière aléatoire sur la chaîne et sont mises sur des machines qui dessinent en continu des ronds sur des rouleaux de papier. Au total, 70 contrôles sont effectués tout au long de la chaîne de fabrication du Cristal.

La force de l’entreprise repose toujours sur le strict respect des règles édictées par le fondateur : « Proposer des produits simples, inventifs et sûrs, pour tous, partout dans le monde, à tout moment. » La famille y veille. Elle possède encore 42,85 % du capital et 58,77 % des droits de vote.

Des marges proches de l’industrie du luxe

Bruno Bich, qui a succédé à son père, Marcel Bich, en 1993, est toujours le PDG mais la troisième génération est arrivée aux commandes. Son fils Gonzalve a été nommé l’an dernier au poste de directeur général délégué.

Les résultats sont là. Bic est une entreprise très rentable, avec une marge d’exploitation qui a atteint en 2016, 21 % des ventes, soit 409 millions d’euros. Pour les briquets, elle avoisine même les 40 %, soit un niveau plus proche des métiers du luxe que de ceux de l’industrie. La rentabilité opérationnelle de la papeterie est certes moins forte (autour de 9 % sur le dernier exercice), mais l’activité continue de progresser, entre 3 % et 5 % par an en moyenne.

Cette croissance du marché est en grande partie portée par l’innovation. « Les modes de consommation évoluent, les gens écrivent différemment et nous devons nous adapter en faisant évoluer les produits », souligne Marie Saglio.

Des nouvelles couleurs

La mode est aujourd’hui à la création de nouvelles couleurs. Le Bic Cristal en compte désormais huit, comme l’orange et le jaune fluo. Le « 4 couleurs » se décline aussi maintenant en trois couleurs (bleu, noir, rouge) auxquelles a été ajouté un porte-mine rechargeable. Pour les enfants qui apprennent à écrire, Bic a aussi mis au point un stylo indiquant l’endroit où il faut positionner son doigt.

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Un groupe présent dans 160 pays

Bic a dépassé, pour la première fois en 2016, la barre des 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+ 1,6 %), pour un résultat net de 250 millions.

La papeterie représente son premier pôle d’activités (32 % des ventes), devant les briquets (31 %) et les rasoirs (21 %). Le reste est principalement composé de la branche produits publicitaires et promotionnels.

Bic est présent dans 160 pays. Il réalise 40 % de chiffre d’affaires dans les Amériques, 27 % en Europe et 33 % dans des marchés « en croissance ».

L’entreprise Bic emploie 17 400 personnes.

Auteur : Jean-Claude Bourbon pour La Croix

Vignette de l’article : 140 millions de stylos Cristal Bic sont vendus en France chaque année. / Joel Le Gall/Ouest France

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