Une bibliothèque en forme de bulle, un lit perché, mais caché… L’architecte pense les meubles comme des chambres, pour habiter autrement.
Le mobilier qui nous entoure n’a guère évolué dans la forme depuis des siècles. Il en deviendrait presque ennuyeux. Et si on le regardait d’un œil neuf ? C’est ce qu’a fait l’architecte Gilles Belley, qui s’est vu attribuer une Carte Blanche 2016 par le VIA, Valorisation de l’innovation dans l’ameublement, la tête chercheuse de la filière française. Sous le titre Rooms, il présente, dans la galerie parisienne du VIA, trois dispositifs aux belles finitions, à même de révolutionner la façon de vivre dans nos intérieurs.
Fini la bibliothèque qui court le long des murs. Ici, elle vous enrobe, vous encercle, devient cabinet de curiosités ou nid douillet, telle une bulle insonorisée et plus ou moins transparente, selon la quantité de livres et d’objets qui remplit les étagères.
« Le mobilier est une articulation entre nous, les choses que l’on possède et notre cadre de vie. Mais les espaces sont très conditionnés en fonction des usages : dormir, manger, travailler. Des pièces sous forme de meubles me sont apparues comme une évidence pour pouvoir habiter autrement », souligne Gilles Belley, qui est l’auteur de la nouvelle signalétique du Musée de l’homme, à Paris, et de divers produits industriels.
Libérer de l’espace autour des meubles
A partir d’un lit perché en haut d’un escalier, il condense une chambre d’appoint, un rangement et un bureau, sur seulement 3 mètres carrés. Tout autour, l’espace est libéré pour respirer et élargir son horizon. « On est saturé par nos rangements qui viennent emplir jusqu’à nos cadres de vie », note Gilles Belley.
Une autre de ses propositions est constituée d’un paravent articulé sur lequel on glisse des consoles ou des plateaux dans des échancrures prévues à cet effet. On peut circonscrire une zone pour avoir une autre activité dans la même pièce : un bureau dos à dos avec une petite chambre, ou un hall d’entrée avec une banquette, qui dissimule le salon. Tout est modulaire, démontable, se range à plat dans des cartons et respecte des contraintes industrielles.
Gilles Belley laisse le vide s’installer autour de ses meubles, qui concentrent plusieurs fonctions. Pour autant, il ne croit pas « à la capacité d’un espace à absorber seul plusieurs fonctionnalités. Je ne crois pas au tout ouvert, on a besoin de spécifier a minima ».
« Gilles Belley interroge les industriels d’une façon dérangeante, en abordant cette question d’ordre philosophique de l’appropriation de l’espace et du rôle du design, se félicite Bernard Reybier, PDG de Fermob et nouveau président du VIA. Mais c’est le rôle du VIA que de servir d’aiguillon ! »
Author : Véronique LORELLE pour http://www.lemonde.fr/
Vignette de l’article : La bibliothèque Area circonscrit une pièce dans la pièce, entre isoloir, boudoir, bureau, etc. Crédits photo Colombe CLIER
Image : Block, côté bureau… Un ensemble de services sur 3 m2 seulement. Crédits photo Colombe CLIER