La modernité, c’est le progrès et non l’apparence. Il semble que le niveau de modernité d’un pays ne se mesurera bientôt plus par son niveau d’équipement matériel, mais bien par cette nouvelle valeur vertueuse qui se dessine : le Niveau d’Innovation Citoyenne et Economique (NICE).
Comme on l’a compris, c’est elle qui rend possible la « performance sociétale », qui va faire que nous choisissons tel produit ou service pour sa valeur économique et pour son impact sur la société.
Ceci étant dit, pas la peine de dire à un enfant que c’est là notre avenir, pour être utile, il faut démontrer par l’exemple. Prenons le dernier phénomène économique et sociétal quasi planétaire : Uber. Un enfant comprendra difficilement que les pertes abyssales du modèle d’Uber sont liées à deux facteurs schizophrènes : d’une part, l’effort massif pour recruter des chauffeurs pour se déployer très rapidement dans de nouveaux pays et d’autre part, des investissements massifs en recherche et développement avec l’objectif de supprimer ces mêmes chauffeurs. En revanche, dire que le patron d’Uber tapote l’épaule de ses chauffeurs, tout en ne les considérant pas, est tout de suite plus parlant.
À l’image de la période charnière que nous vivons actuellement, qui nous sépare de l’Ancien Monde, nous pouvons observer les actionnaires de sociétés productrices de pétrole pour qui les dirigeants gèlent les investissements afin de verser les dividendes promis ; là où il s’agirait plutôt d’innover pour la survie de l’entreprise en se réinventant.
En tant que citoyens, nous ne pouvons qu’être désolés de constater l’éparpillement des moyens mis en oeuvre dans les financements participatifs en tous genres, car la clé pour faire émerger des projets répondant à des problématiques sociétales repose sur notre capacité à comprendre qu’il y a un lien direct entre investissement et consommation. Autrement dit : investir à travers des projets qui font du sens et naturellement consommer les offres qui en émergent. Ce principe simple est gratifiant pour le citoyen qui peut désormais directement impacter le marché et enfin démontrer sa capacité à agir au bénéfice du plus grand nombre.
Parmi les secteurs stratégiques qui devraient rester en dehors des sphères spéculatives, nous pouvons naturellement évoquer les domaines de l’alimentation et de la santé comme prioritaires. Cette nécessité est particulièrement d’actualité à l’heure où l’industrie agroalimentaire mondiale est en pleine mutation et où notamment un fonds d’investissement américano-brésilien « a récemment pulvérisé le marché agroalimentaire » aux États-Unis…
Dans ce contexte, il pourrait être intéressant de s’adresser aux actionnaires individuels des grands groupes européens de l’agroalimentaire en tant que citoyens pour qu’ils se regroupent autour d’une règle simple : les dividendes pourraient par exemple être désormais intégralement consacrés à un seul objectif : faire de leur entreprise le nouveau champion de la « performance sociétale ».
Auteur : Stéphane PELLETIER pour Les Echos
Pertinence et intérêt de l’article selon designer.s !
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