Afin d’en savoir plus sur les métiers du design, FrenchWeb a posé 3 questions à Jean-Louis Frechin et Sabine Garrigues, respectivement fondateur de l’agence NoDesign, et manager pédagogique de la filière design graphique aux Gobelins, l’école de l’image. Jean-Louis Frechin fait également partie de la direction de l’ENSCI en tant que directeur conseil pour le design prospectif et les innovations numériques.
FrenchWeb: Quels sont les nouveaux métiers, innovants, dans le domaine du design ?
Jean-Louis Frechin: Les choses ne changent pas tellement mais la façon de les faire évolue. En 1998 en France, j’ai lancé le concept de designer numérique : c’est celui qui conçoit des situations, des produits, des services voire des organisations pour et avec le numérique. Il crée des situations, des interactions. Designer numérique est une notion générale. Ensuite, certains se spécialisent dans les services, l’UX designer (concevoir ce que vont ressentir les gens), le web design, le motion design… A SXSW cette année, le métier le plus recherché, c’était designer.
Sabine Garrigues: Le métier le plus en vogue ou couru par les entreprises est aujourd’hui celui de motion designer (voir ci-dessous). Il s’agit d’une évolution du métier de graphiste. Cette jeune discipline permet de concevoir et de réaliser des communications adaptées aux supports mobiles, ainsi qu’aux nouveaux espaces de communication, d’organiser des messages en alliant les trois vecteurs du motion design : l’image animée, la typographie en mouvement et le design sonore.
Qu’est ce qui fait un bon professionnel du design aujourd’hui ?
Jean-Louis Frechin: Je recherche des gens qui puissent être des éclaireurs, pour ne pas se démoder avec les technologies utilisées. Ils doivent à la fois être capables de faire du motion design, du web design ou du design en lien avec les objets connectés. Je les surnomme les « médecins généralistes ». La pression sur le design fait qu’ils ont des libertés d’action qui dépasse le champ des possibles. Un bon designer c’est quelqu’un qui a la tête dans les étoiles mais les pieds sur terre. Il faut avoir de l’imagination, un côté bricoleur ou une forme d’expression sensible et de la curiosité.
Sabine Garrigues: Les évolutions technologiques nécessitent l’apprentissage de nouveaux outils, vite obsolètes. Il faut donc sans cesse renouveler ses connaissances. Par conséquent, au-delà de ces outils qu’il faut être en capacité de s’approprier rapidement, il est nécessaire de développer chez nos élèves et apprentis une ouverture aux autres, des qualités de curiosité et de veille. Tout cela reposant sur un socle de fondamentaux (culture visuelle, typographique – histoire du design) et de compétences transverses (conduite de projet, travail en équipe notamment) qu’ils apprennent et réinvestissent notamment dans le cadre de la pédagogie de projets. Il est impératif dorénavant de voir les métiers de designers d’images comme autant d’opportunités de travailler ensemble, de proposer des solutions globales et innovantes plutôt que de les regarder en silo, par métier.
Jean-Louis Frechin, quelles formations conseilleriez-vous ?
Jean-Louis Frechin: C’est une activité qui nécessite de grandir dans sa tête, pour moi, détenir un master en 5 ans est un minimum. L’Ecole de design de Nantes, Strate Collège, la Martinière Diderot à Lyon, l’ESAD d’Amiens sont autant de bonnes écoles.
Sabine Garrigues, dans quels types d’organisation conseillez-vous de faire des stages ?
Sabine Garrigues: En la matière, il n’y a pas à proprement parler de règle. Le projet professionnel doit être l’axe qui guide le choix. Durant leur formation, nos apprentis travaillent pour la moitié du temps de formation en entreprise dans des structures très différentes tant par le profil (agences de communication, grands donneurs d’ordre, studios de création …) que par la taille, à condition que l’entreprise lui confie des missions en adéquation avec la formation visée.
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Un oeil sur… l’activité de motion designer
Pierre Magnol fait partie des tout premiers motion designer Français. Il explique son travail au quotidien:
« Le motion design est une discipline pratiquée par des graphistes et infographistes, qui animent des créations graphiques (ex: de la typographie en 2D ou en 3D, de la composition de motifs) servant à illustrer ou habiller des contenus vidéo. Ici, c’est la forme qui définit le fond. Elle doit être parlante pour communiquer sur un produit, sur ses valeurs.
C’est un métier dont les contours sont assez flous, on est à cheval entre le graphisme et l’animation traditionnelle. A l’origine, il vient de la création de générique du cinéma. Il se pratique généralement en tant que freelance, souvent autodidacte.
On travaille ainsi pour des projets aussi variés qu’une émission de télévision (ex: Le tour du monde en 80 jours sur France O, Reportages), un film, un site web ou encore une marque de luxe (Cartier, Dior)… Nos clients sont très souvent Parisiens !
A l’époque où j’ai commencé on était trois en France, aujourd’hui c’est un peu galvaudé. Pour autant, ces métiers – qui consistent à faire de l’image – n’ont pas encore acquis leur lettre de noblesse. Enfin côté rémunération, en freelance, on peut espérer facturer entre 280 et 1000 euros la journée ».
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Author : Adeline Raynal pour Frenchweb.fr