Imaginé par le duo de designers industriels Les Sismo, l’exposition « Invention/design regard croisées », explore du 2 juin 2015 au 16 mars 2016 au Musée des arts et métiers, les liens intimes entre inventeur et designer, jusqu’à la fusion ?
Il y eut d’abord les inventeurs, comme Denis Papin et son autoclave. Puis sont venus les designers de Seb… Et la cocotte-minute moderne était née. « Le but premier du design est d’anticiper, de faciliter les usages pour améliorer la qualité de vie des individus. Et c’est sans doute pour ça que le design est né avec la révolution industrielle », explique Antoine Feroglio, un des deux designers du duo Les Sismo, commissaire de l’exposition « Invention/design, regards croisés », qui se tient du 2 juin 2015 au 16 mars 2016 au Musée des arts et métiers (Cnam), à Paris.
Une exposition pour expliquer à quoi sert le design par la confrontation des prototypes d’invention, que le Cnam recèle dans ses collections – c’est là que les inventeurs les déposaient avant la création de l’Office national de la propriété industrielle en 1900, devenu INPI en 1951 – avec les objets imaginés par les designers. Du clavier qwerty de la Smith Premier Typewriter N°10 de 1913, à la souris sans fil Apple Magic Mouse. Ou du premier kit chaîne, pédalier et moyeu de bicyclette de Hurtu, Diligeon et Cie de 1986 au vélo aigle Alérion de Keim en 2014..
DES UNIVERS SI COMPLÉMENTAIRES
« Certains disent que les designers sont les inventeurs du XXIe siècle. On a donc cherché et trouvé les parallèles entre le design et invention, raconte Antoine Feroglio. Mais l’approche originelle entre designer et inventeur est très différente. L’inventeur va chercher à améliorer une partie de quelque chose, la productivité, l’hygiène, le confort. Le designer, lui, va écrire des usages et une forme, en se servant de ces inventions. » Et si le design inventif existe, comme chez le britannique Dyson par exemple, c’est une partie congrue du design.
« Aujourd’hui le rôle du designer n’est pas d’être inventeur », prévient Antoine Feroglio. Mais il n’est plus cantonné à la peau des objets. « Le design est particulièrement adapté à la complexité du monde contemporain, car cette pratique d’expert généraliste sait jouer le rôle de trait d’union entre différents savoir-faire », écrivent les commissaires d’exposition. Et grâce aux imprimantes 3D et aux nouveaux modes d’organisation de l’intelligence collective né du numérique (open source, financement participatif, co-création…), le design change tout.
Sceptique ? Pour vous convaincre, les commissaires de l’exposition se sont amusés à confronter toutes les étapes de la conception et la fabrication d’un seau à glace Christofle avec celle d’une version imprimée en 3D… Convaincu ?
Author : Aurélie BARBAUX pour L’Usine Nouvelle