Cette start-up mulhousienne conjugue le numérique et le textile pour proposer un bikini qui envoie un message instantané en cas d’exposition excessive au soleil.
On connaissait les vêtements de sport connectés, destinés aux amateurs de course à pied, qui enregistrent la fréquence cardiaque ou servent au positionnement GPS. Voici, inventé à Mulhouse, le bikini connecté : celles qui le porteront sur la plage recevront un message personnalisé dès qu’il sera temps de remettre de la crème solaire. Différents paramétrages permettront aussi d’envoyer l’alerte au partenaire ou à un « Valentin » qui se chargera de cette mission.
Couleur écrevisse
« Le projet est parti d’une réflexion anodine, en voyant des personnes couleur écrevisse rester au soleil », raconte Marie Spinali, créatrice de Spinali Design. La jeune femme, qui dirige une entreprise d’édition de logiciels, se déclare « passionnée de couture ». Elle a grandi entourée par les prestigieuses filatures et les industries textiles mulhousiennes (DMC, Schaeffer). D’où sa volonté farouche de localiser sa start-up en Alsace. « Nos fournisseurs et prestataires seront alsaciens », prévient Marie Spinali, qui entend produire 1.000 bikinis dès l’été 2015 et les vendre, à 198 euros l’unité, en direct et via un site de commerce en ligne.
La fibre lycra utilisée, d’origine italienne, sera assemblée sur mesure dans l’atelier de Spinali Design. « Nous embauchons quatre à six couturières », annonce la créatrice. Elle entend installer bientôt son équipe et ses machines dans les anciens bâtiments industriels du km0, le nouveau lieu de travail collaboratif sur 15.000 mètres carrés et site totem de la French Tech à Mulhouse. La technologie RFID intégrée dans les fibres du maillot de bain permettra d’identifier la couturière qui a assemblé le maillot. Elle contiendra aussi les mensurations de la personne qui le porte. Un capteur d’UV, médaillon étanche de moins d’un centimètre cousu au niveau de la hanche, enverra les alertes sous forme de message vers un smartphone (Android, iOS). La mise au point des accessoires qui supportent la technologie numérique a mobilisé un réseau local de fournisseurs : le bureau d’études en électronique FDE à Saverne (Bas-Rhin) a développé les capteurs d’UV. L’Atelier 120, à Mulhouse, fournit les boîtes étanches. Une autre PME, Alsatextiles à Riedisheim (Haut-Rhin), assurera l’impression à façon.
Un projet évolutif
« Je souhaite aller plus loin dans les prochaines collections : le RFID doit servir aussi de capteur d’ensoleillement. Des recherches sont en cours en 2015 et 2016 avec le Commissariat de l’Energie atomique à Grenoble pour intégrer d’autres fonctions dans les maillots, avec nos propres capteurs miniaturisés et en utilisant les nanotechnologies », annonce Marie Spinali. Une gamme de maillots de bains pour enfants est déjà envisagée avec un capteur qui enverrait une alerte aux parents en cas d’éloignement des bambins sur la plage.
La commercialisation des bikinis démarrera le 21 mai, à l’occasion d’un défilé de mode organisé sur la scène culturelle de la Filature à Mulhouse. « J’ai eu la chance de trouver des mannequins impliqués dans le design et le développement de nos gammes », déclare Marie Spinali. Deux d’entre elles seront embauchées pour animer la création et les échanges sur les réseaux sociaux. Une série de films diffusés sur les plates-formes de partage de video évoque, déjà, la jeune histoire de l’entreprise et son process de création.
Fabrication sur-mesure et cash-flow positif
L’investissement technique se limite à 90.000 euros de capitaux d’origine familiale, avec les soutiens de la structure régionale d’ingénierie Alsace Innovation et de la BPI. La fabrication sur mesure des maillots, sans stock, permet à start-up d’envisager un cash flow positif dès le démarrage de l’activité.
« A la réception de la commande, nous enverrons au client un mètre-ruban et des instructions pour prendre ses mesures. Le motif, imprimé à la demande, pourra être fourni par le client et numérisé par nos soins », explique Marie Spinali. Six gammes de maillots ont été dessinées, de la variante 01 très couvrante à la variante 06, un « string ». « Je ne veux pas développer une activité industrielle, mais je vais tenter très vite l’aventure du grand export », prévient Marie Spinali. Premiers pays visés : le Brésil et l’Australie, avec un coup de pouce de la Chambre de commerce et d’industrie d’Alsace pour aborder ces pays lointains.
Author : Olivier MIRGUET pour La Tribune