En France, la démolition d’ouvrages du bâtiment et des travaux publics constitue la première source de déchets avec quelque 260 millions de tonnes par an dont une grande partie de béton. Pour développer sa valorisation, un programme collaboratif de R&D Recybéton a été initié et après trois ans de recherches, un premier bilan démontre la viabilité technique de l’utilisation du béton déconstruit dans de nouveaux ouvrages.
Après broyage dans l’une des 200 plates-formes spécialisées de recyclage, le béton actuellement recyclé est essentiellement utilisé dans la construction de routes. L’ambition de Recybéton, le programme de recherche soutenu par le ministère de l’Ecologie et l’ANR (Agence nationale de la recherche) et qui associe une quarantaine de partenaires publics et privés, est de transformer le béton usagé en une matière première secondaire pour produire du béton neuf. Pour cela, les ingénieurs et chercheurs se sont attelés à résoudre les difficultés techniques rencontrées dans l’utilisation des matériaux issus des bétons déconstruits (fissuration, absorption d’eau plus importante, alcali-réaction pouvant engendrer un gonflement du béton…).
Un autre axe de recherche s’est également penché sur l’utilisation de matériaux issus de la déconstruction de béton dans la production de ciments. Après des essais en laboratoire, plusieurs chantiers d’expérimentation grandeur nature ont été mis en œuvre. Près de Lyon, par exemple, un parking de 2 100 m2 comprenant un dallage utilisant des bétons recyclés a ainsi été construit avec succès.
Fort de ces trois années de recherches, Recybéton estime que « la faisabilité industrielle du recyclage du béton est prouvée ». Les initiateurs du projet tablent donc sur la création prochaine d’une économie circulaire du béton, dont les vertus seraient nombreuses. En effet, la difficulté d’ouvrir de nouvelles carrières en raison de contraintes administratives ou environnementales, rend les granulats naturels de moins en moins accessibles. L’utilisation de granulats recyclés, qui nécessitent souvent moins de transport entre leur lieu de production et leur lieu d’utilisation que les granulats naturels, permettrait par ailleurs de réduire la consommation de carburant donc les émissions de gaz à effet de serre.
Enfin, le potentiel et les besoins sont au rendez-vous. De nombreux bâtiments construits pendant les Trente Glorieuses arrivent en fin de vie alors que des projets comme ceux du Grand Paris, par exemple, devraient accroître de 5 millions de tonnes par an la consommation de granulats en Île-de-France.
Author : eMag SUEZ environnement pour Le Hufflington Post
Vignette de l’article : Crédit photo eMag SUEZ environnement