La Corée du Sud est à l’honneur au Musée des Arts décoratifs jusqu’au 3 janvier 2016 avec l’exposition « Korea Now ! », organisée avec la Kora Craft & Design Foundation, qui propose un panorama de la création coréenne contemporaine dans le domaine des arts décoratifs et appliqués, du graphisme et de la mode.
Les commissaires de Karine Lacquemant, conservateur adjoint au département d’art moderne du musée, et Rheem Mi-Sun ex-directeur du Clayarch Gimhae Museum dédié à la céramique architecturale, ont sélectionnés la fine fleur des designers coréens qui travaillent dans un processus dynamique d’art-craft fusion.
Celui-ci se traduit par une combinaison harmonieuse de la tradition, préservant l’excellence des savoir-faire ancestraux et une forte identité culturelle, et de la modernité résultant notamment de l’occidentalisation du mode de vie intervenue après la partition de la Corée historique.
Entre hier et demain, le design coréen en marche
Si les appartements se substituent à l’ancienne maison Hanok conçue autour des principes confucéens du vide et de l’harmonie, ses fondamentaux continuent à présider à la création contemporaine de mobilier.
Ainsi la conception de l’intérieur coréen répond à deux critères : minimalisme et esthétisme.
Un minimalisme qui cantonne l’ameublement au strict nécessaire s’avérant parfois austère au regard du goût occidental pour l’ornementalisme et l’accumulation décorative, et une esthétique esthétisante placée sous le signe de la sobriété.
Leur mise en oeuvre s’effectue donc à partir des techniques artisanales nationales que sont la laque, la céramique, le bois cintré, le papier Hanji et le tissu en ramie, avec une réinterprétation stylistique d’un répertoire de forme ancestral, telle la petite table d’appoint revisitée par Yang Byung-yong.
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Par ailleurs, elle repose sur la déclinaison privilégiée de matières de prédilection, le verre, bois et métal, dans une variation combinatoire infinie telle celle des tabourets de Seo Jeong-hwa qui joue sur la répétition de la forme et le contraste des matériaux.
Et trois constats s’imposent, en premier lieu, celui de la résonance avec l’esthétique moderniste des années 1930 prônant la simplification des formes et le fonctionnalisme qui correspond aux besoins de l’habitat coréen contemporain consistant en des appartements urbains »LDK » (Living-Dining-Kitchen).
[Dans] sa veine française, et notamment les designers de l’Union des artistes modernes, avec son géométrisme rationnel, et les banquettes aux carrés colorés de Bahk Jong-Sun évoquent le mobilier créé par Charlotte Perriand (cf. supra).
Que dans sa variante scandinave pour les formes courbes et organiques tendant vers l’abstraction illustrée par les créations de Choi Byung-Hoon considéré comme le fondateur du design coréen;
Par ailleurs, l’influence occidentale est patente chez certains créateurs tels le faux design povera de Lee Kwang-ho, avec des meubles en tuyaux tressés façon scoubidou inspirés du procédé filaire des Frères Campana et les meubles en plexiglas de Kamkam Design Studio fan Philippe Starck.
La deuxième particularité tient à la coexistence du nude, la couleur naturelle des matériaux, et de la couleur saturée, avec le symbolique quintet chromatique coréen lié à une cosmogonie archaïque basée sur les cinq éléments primordiaux, à l’instar des immenses coupes de Chung Hae-cho qui accueillent le visiteur, suivies des jarres en porcelaine blanche de Kwon Dae-sup.
La porcelaine blanche règne sur les arts de la table qui tendent à l’épure absolue. Comme en France ainsi que le montrait l’exposition « Circuit Céramique » organisé en 2011 par le Musée des Arts décoratifs, la céramique connaît un nouvel engouement.
Ainsi les créateurs coréens remettent à l’honneur deux autres techniques évincées qui ont eu leur âge d’or au 14ème et au 16ème siècles dont Bee Soo-jong et Choi Sang-jae pour l’ancienne céramique « buncheong », un englobe blanc avec des motifs décoratifs, Lee Dong-ha Lee Ga-jin pour le céladon caractérisé par sa glaçure translucide.
Autre constat, ces objets révèlent le goût du luxe qui résulte d’une croissance économique qui classe la République de Corée du Sud.
Un luxe qui n’est synonyme d’ostentation mais résulte du traitement des matériaux tel que l’atteste le florilège de pièces en métal d’arts de la table.
La beauté et la simplicité formelle(s) des théières en métal brossé ou poli de Jeon Yong-il et Kim Dong-hyun les placent en véritable objet d’artistes.
Métal, entre autres matières, des pierres au papier en passant par le silicone, pour les bijoux qui bénéficient de deux salles dédiées.
Se retrouve la dualité précemment indiquée entre des bijoux géométriques et des créations figuratives inspirées de la faune et de la flore et, là encore, une forte influence scandinave.
Plus conceptuels parce que mettant le bijou en interaction avec le corps, les bijoux de peau de Kim Kye-ok qui projettent des motifs lumineux tel un tatouage light-up et les bijoux mobiles de Yoon Dok-no.
Du bijou à la mode n’est qu’un pas que le visiteur est invité à franchir avec le volet « Mode en Corée » de l’exposition.
Source : MM pour http://www.froggydelight.com/
En savoir plus : Le site officiel du Musée des Arts Décoratifs
Vignette de l’article : Crédits photos MM avec l’aimable autorisation du Musée des Arts Décoratifs