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Le « french design » en quête de reconnaissance internationale (i)

Le Via, organisme dédié au meuble, distingue 100 personnalités, porte drapeau du style et de l’art de vivre made in France. Objectif : démontrer aux entreprises du secteur l’efficacité du design comme levier de croissance. A l’export notamment.

De Philippe Starck aux frères Bouroullec en passant par Inga Sempé ou Matalie Crasset, les designers français jouissent d’une grosse cote à l’international. Pourtant, ces réussites individuelles ont peu d’effet d’entraînement sur l’industrie tricolore du meuble, constituée pour écrasante majorité de TPE. Sur les quelque 9.200 entreprises du secteur, 8.800 ont moins de 10 salariés et seulement 11 plus de 250. Et la filière exporte peu : 2 milliards d’euros en 2016, rapportés à une production globale de 7,5 milliards. C’est à cet état de fait qu’essaie de remédier le Via, l’organisme de recherche et de promotion du meuble.

Sous l’impulsion de son président Bernard Reybier, qui est aussi le patron de Fermob – une des rares ETI du secteur dont la réussite mondiale s’appuie sur le design -, le Via a sélectionné 40 meubles et objets, pièces maîtresses du style français illustrant les valeurs auxquelles on l’associe : audace, élégance, goût de l’innovation, sens de la transmission.

 

  … Ceci est un article de Valérie LEBOUCQ pour Les Echos

 

Les 100 personnalités les plus influentes

« No taste for bad taste » : cette exposition a tourné dans les grandes capitales, Milan (et Venise) en 2017, New York et Los Angeles en 2018, Tokyo et Pékin cette année. Le Via récidive avec le FD 100, une liste, dévoilée le 16 janvier, des 100 personnalités du design et de l’architecture les plus influentes. Une exposition, dont Philippe Starck est le parrain, leur sera consacrée, elle aussi destinée à voyager.

« Il y a un esprit français, cette french touch qui doit beaucoup au métissage et à la sédimentation des influences », explique-t-il, « et plus encore à « notre extraordinaire esprit critique, vis-à-vis des autres et de nous mêmes, ce qui apparente le processus de création à un vrai chemin de croix. Les meilleurs survivent au prix d’une exigence de toujours plus de qualité et de rigueur, le goût de l’intemporel et un sens poussé du détail. La France n’aurait jamais accouché du grunge ou du punk ».

La sélection (par un jury international) des 100 lauréats comprend des architectes d’intérieur réputés pour leurs réalisations dans l’hôtellerie de luxe et le retail, Sybille de Margerie, Gilles & Boissier, Saguez & Partners, Maison Philippe Hurel ou le cabinet Alberto Pinto qui travaillent aussi pour le compte de particuliers ; des designers reconnus Noé Duchaufour Lawrance, Adrien Gardère, et les talents récents, Constance Guisset, Ionna Vautrin… Des talents auxquels le Via veut « donner plus de visibilité à l’international », explique son directeur général Jean-Paul Bath.

L’Aura du luxe

« Les Scandinaves sont actifs dans le design d’usage et de l’objet alors que les Français sont spontanément associées à la qualité de vie et à la qualité d’exécution de l’artisanat. Nous bénéficions à ce titre de l’aura des grandes marques de luxe », relève l’architecte Anne-Cécile Comar, fille de la décoratrice Agnès Comar et lauréate du FD 100 du Via. Son agence, l’atelier du Pont, fait de l’aménagement « clef en main» allant de l’architecture à l’agencement et à la décoration pour des maisons de vacances au Cap Ferret et en Sardaigne, des boutiques de luxe, celles du joaillier Repossi et de Burma au Moyen Orient, ou des hôtels d’agri-tourisme à Minorque. Un savoir-faire d’« ensemblier » identifié comme le gros point fort des Français.

Autre lauréat, Olivier Saguez dont l’agence réalise 30% de ses honoraires à l’international. « Le design ne sert pas qu’à concevoir des objets ou des meubles plus attractifs pour augmenter les ventes ; il doit aider les entreprises à redéfinir leur offre de produits et de services dans la perspective de la crise écologique. Il permet de répondre à la nécessité de consommer moins et mieux en proposant plus d’usage et d’utilité collective ».

« Speed dating »

Grâce à ces initiatives, le Via souhaite surtout « montrer aux acteurs de la filière que le design aide à se développer et exporter », dit Jean-Paul Bath. Exemple, Ligne Roset (éditeur de Pierre Paulin) qui exporte les deux tiers de son chiffre d’affaires ou le distributeur Roche Bobois, récemment introduit en Bourse, qui vend plus à New York qu’à Paris. Le Via organise aussi régulièrement des journées « speed dating » mettant en contact artisans, designers, fabricants, décorateurs et donneurs d’ordre français ou étrangers (grandes agences d’architecture, groupes hôteliers, promoteurs….) et dont le succès va grandissant.

 

 

Vignette de l’article : Axiom Space, la future station internationale (Nasa, Esa…) imaginée par Philippe Starck, celui qui a fait connaître le design aux Français. – Axiom Space

 

Cet article a été sélectionné par designer.s dans le cadre de sa veille éditoriale et intégré à sa revue de presse européenne francophone !

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