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Le jeune design polonais débarque dans le vaste monde

« Mon projet préféré, c’est le +vice clock+ », une petite horloge cubique et metallique que l’on peut visser sur de multiples supports, confie Bartosz Mucha, inventeur polonais du concept « Design pauvre » (Poor design). « Ce qui caractérise le plus le design polonais, ce serait d’abord son caractère inventif », dit Mucha 37 ans, interrogé sur cet art en train de devenir une locomotive pour l’industrie polonaise.


« J’essaie de dessiner des objets simples et utiles, avec des matériaux comme le bois ou le métal par exemple ».
Considéré comme l’un des meilleurs designers actuels par l’Institut Adam Mickiewicz, chargé de promouvoir la culture polonaise à l’étranger, Mucha représente la jeune génération d’artistes ayant désormais rejoint le marché mondial du dessin industriel.
Ayant connu, enfants, les pénuries de l’époque communiste, nombreux sont ceux qui en ont gardé l’esprit d’ingéniosité : créer ou transformer des objets avec peu de moyens. Même si cette tendance est de moins en moins visible chez les nouveaux designers, sans complexe et plus européens.

De Paris à Londres, en passant par Hong Kong, le nombre de leurs expositions à l’étranger a été multiplié par cinq entre 2012 et 2014, passant de 6 à 31.
Pawel Grobelny, designer industriel et commissaire de nombreuses expositions internationales, une des figures emblématiques du design polonais, a été distingué comme l’un des 100 meilleurs designers européens en 2009. Privilégiant les projets épurés et destinés à se fondre dans l’environnement urbain, il a notamment dessiné le mobilier urbain pour les jardins Zhongshan à Shanghaï, ou encore les bancs Monolit pour les jardins de l’Albertine à Bruxelles.

Entre 2009 et 2013, Pawel Grobelny et sa collaboratrice Agnieszka Jacobson-Cielecka, ont organisé l’exposition « UNPOLISHED », présentée plus de 20 fois à travers le monde. « A ce moment-là, nous avons réalisé que les jeunes designers dans la trentaine, utilisaient tous des matériaux simples, peu coûteux, avec une touche d’humour mais pensant à une production industrielle », explique Jacobson-Cielecka.
Tel Oskar Zieta, qui a inventé une technologie novatrice, FIDU consistant à créer des meubles, par exemple son tabouret PLOPP, en insufflant de l’air sous forte pression entre deux feuilles d’acier judicieusement découpées et soudées. PLOPP a connu une notoriété mondiale, tout comme le fauteuil culte en plastique de Roman Modzelewski, créé en 1958, mais devenu à la mode quarante ans plus tard, ou encore Dia, le tapis de l’atelier Moho, en feutre de laine ciselé au laser, inspiré par les découpages traditionnels polonais.

Considérant le design industriel comme un facteur de croissance, le ministère de l’Economie a investi 186 millions d’euros entre 2007 et 2013 dans la recherche et le développement dans ce domaine.
Beza Projekt, un collectif de designers de Varsovie, ne compte plus ses succès en Pologne comme à l’étranger. Son horloge ‘kuku’ en bois, créée pour la chaîne Discovery Channel, sonne vers cinq heures de l’après-midi, à la fin de la journée de travail, et imprime un slogan sur une bande de papier : « Pourquoi tu restes assis ? Y a plein de choses à découvrir dehors ».
« Les producteurs polonais de meubles se sont longtemps inspirés de ce qui se faisait à l’Ouest, et le copiaient », admet la designer Zofia Strumillo-Sukiennik, auto-entrepreneur pour Beza Projekt, qui a travaillé pour la multinationale Ikea.
De plus en plus reconnue par les industriels polonais, « l’idée que le design apporte une véritable valeur ajoutée au meuble » contribue à développer ce savoir-faire, selon l’artiste, récompensée en 2009 au festival de Lodz par le groupe suisse VITRA (groupe de design d’intérieur).
Ralenti sous le régime communiste, ce n’est qu’au début des années 2000 que le design polonais prend son envol et « l’on passe du +fabriqué en Pologne+ au +dessiné en Pologne+ », selon Mme Jacobson-Cielecka, professeur à l’école Form de Poznan.

L’industrie polonaise du meuble est l’une des plus compétitives au monde, selon le dernier rapport du ministère de l’Economie. Environ 90% de sa production est exporté vers l’Allemagne, la France ou encore les Etats-Unis.
A preuve, la Pologne est, après la Chine, le deuxième pays fournisseur d’Ikea.

Auteur : AFP – Le progrès – Le Parisien – …