Revue de presse » En interrogeant sur le beau, la biennale du design de Saint-Étienne est-elle anachronique ou visionnaire ?

En interrogeant sur le beau, la biennale du design de Saint-Étienne est-elle anachronique ou visionnaire ?

Après l’empathie en 2013, la 9e édition de la biennale du design de Saint-Étienne, qui se tient du 12 mars au 12 avril 2015, a choisi de s’interroger sur les sens du beau. Une question anachronique à l’heure où, à cause du numérique, le design est appelé à repenser le monde jusque dans ses politiques et ses services ?

À l’heure où le design est invoqué pour accompagner la révolution numérique en cours, voire repenser le monde, comme le propose le designer Stéphane Vial, résumer encore le design à des questions d’esthétisme et de style a de quoi surprendre, voire carrément choquer. Et pourtant, malgré les appels vibrant de la feue commission design, pilotée par Alain Cadix, à insuffler en France une autre culture design que celle héritée par des arts décoratifs, Elsa Francès et Benjamin Loyauté, co-commissaire général de la Biennale du design 2015, ont choisi pour thématique générale « Les sens du beau » !

La mondialisation en question

« C’est un thème volontairement provocateur « , justifie Ludovic Noël, directeur de la Cité du design de Saint-Étienne, qui organise la Biennale. Selon lui, l’idée est d’interroger les valeurs qui sont véhiculées par l’esthétique, à l’heure de la mondialisation. Comment s’accorde le besoin d’identité de chacun avec les signes de plus en plus homogènes produits par le design ? Le design fédérateur des produits et services d’Apple sont-ils effectivement symptomatiques d’un appauvrissement de nos différentes cultures ?

L’identité visuelle de cette ème édition de la biennale, réalisés par Sylvain Reymondon et Lucas Ribeiro, étudiants en 3e année de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne (ESADSE), reflète d’ailleurs cette volonté d’interroger le public sur la question d’esthétique. « La représentation du beau n’est pas universelle. Notre positionnement, à travers nos visuels, a donc été de parler du beau grâce à un métalangage composé de textes, dessins et pictogrammes. Tous les éléments sont mis en friction et dialoguent grâce à un jeu d’oppositions entre les dessins et la typographie », expliquent les designers. De fait, cette raquette verte et jaune, n’est-ce pas plutôt un arbre, une grenade, une ampoule, un buisson ?

La valeur du design, une autre question anachronique ?

L’enjeu de cette Biennale est de montrer que d’autres voies sont possibles que celles monotones et répétitives produites par la globalisation. Ce sera l’intention des commissaires et scénographes que de faire découvrir et ressentir ce que le geste esthétique peut offrir, expliquent les organisateurs. Pour faire passer ce message, pas moins de 55 expositions, dans le IN et le OFF, réparties à la Cité du Design, les musées de la Ville et dans la région.

L’économie et l’entreprise ne seront pas totalement oubliées. Mais mal à l’aise avec le thème du beau, la deuxième édition du Forum Design et innovation, qui se déroulera durant la 5ème semaine de l’industrie du 30 mars au 5 avril, s’intéressera au Sens de la Valeur. Avec en filigrane l’éternelle question de l’évaluation de la valeur ajoutée du design. Une question presque aussi anachronique que celle du beau. Le XXIe siècle sera design ou ne sera pas, avancent certains.

Auteur : Aurélie Barbaux pour l’Usine digitale