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Les missions du design aujourd’hui

L’Institut Français du Design a réuni quelques spécialistes du design lors d’une table ronde pour dresser un état de l’art, en mesurer les apports et indiquer les tendances. En voici les grandes lignes, le tout sur fond de Janus.

Anne-Marie Sargueil, Présidente de l’Institut Français du Design (IFD), bien connu pour ses labels Janus, a réuni fin décembre quelques designers, entrepreneurs et journalistes autour d’une réflexion sur les missions du design aujourd’hui, ainsi que les grandes tendances de design du moment ressenties lors des séances de travail des Janus.

Un constat déjà, en France, le design est souvent injustement réduit à une donnée esthétique. L’innovation doit avoir un sens, accompagner la vision stratégique des équipes, et c’est en cela que le design doit apparaître dès la phase initiale du projet. C’est lui qui prend en compte la personne utilisatrice en tant que telle, plutôt que comme client ou consommateur.

Un design omniprésent

« Le design est partout », estime Mathieu Riou-Chapman, Global Brand Design Manager pour la marque Peugeot, juré du Janus du Commerce. « Pour une entreprise, le design se trouve dans tous les points de contact avec son public, jusque dans ses cartes de visite ou son esthétique publicitaire ». Pour lui, la force du design réside dans sa forme, sa valeur d’usage, mais surtout dans la valeur d’estime induite. S’il définit intrinsèquement une stratégie écologique, une stratégie humaniste, il est aussi un levier de stratégie économique pour les entreprises. En effet, le design est aussi un outil de conquête de nouveaux marchés.

« Ainsi, ce levier de croissance qu’est le design peut constituer le cœur d’un développement. Car si la mission du design est de créer de la valeur sur tous les positionnements possibles : dans la relation qu’il entretient avec son public (du low cost, en passant par le mass premiun et jusqu’au luxe), dans tous les métiers dans lesquels il s’exerce (le web design, le motion design, l’identité et les territoires graphiques ou iconographiques, le produit, l’événementiel, l’esthétique publicitaire, la distribution…), le design crée aussi de la valeur intangible pour les marques, et c’est ce qu’il y a de plus puissant si l’on considère la valeur des plus grandes marques. Ainsi le design crée un sens transversal au-delà de la forme, une expérience cohérente du produit à la marque », conclut Mathieu Riou-Chapman.

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Ainsi pour la société Kompan qui développe des aires de jeux pour enfants et dont les réalisations ont déjà été récompensées de 4 labels Janus (2007, 2009, 2013, 2015), le design apparaît dès la réflexion initiale. « L’innovation c’est d’abord regarder les usages » remarque Éric Daligault, Directeur général France de Kompan. « Le design contribue au mieux vivre en apportant des solutions centrées sur la personne, dans son quotidien direct ou dans son environnement ».

C’est pourquoi, pour développer ses projets, l’entreprise a mis en place le Kompan Play Institute, qui rassemble psycho-motriciens, enseignants et directeurs d’instituts de plusieurs pays d’Europe, afin de capitaliser sur diverses observations et apporter des améliorations. Et là est déjà le design. C’est d’ailleurs l’intégralité de cette démarche, allant bien au-delà du rendu esthétique qui a été récompensée par les labels Janus.

Un design tendance

« La grande tendance dans le design est le cycle de vie du produit », affirme Michel Sanlaville, Designer indépendant et consultant, juré du Janus de l’Industrie. Il prêche donc pour un retour aux fondamentaux, une recherche des matières et des matériaux permettant de s’approprier le produit par le contact.

Mais on constate aussi une forte tendance à la ‘‘co-création’’ et la personnalisation sur-mesure de produits sur catalogue, rendues possibles grâce aux progrès de l’outil industriel. Ainsi dans le luxe, le summum de l’industrie, c’est l’artisanat !

« L’innovation est la condition du progrès. Il faut aller chercher de nouveaux angles d’expertise. L’entreprise qui souhaite évoluer aujourd’hui ne doit pas se cantonner à ce qu’elle sait faire car son concurrent le fait déjà lui aussi », constate Anne-Marie Sargueil. « Il faut revenir à l’ADN des marques, des produits, des secteurs et être constamment à l’écoute de son client ».

Un design ‘‘phygital’’

On remarque également une forte présence du digital dans l’innovation, y compris dans l’architecture, ainsi même le magasin devient un media, c’est le design ‘‘phygital’’, qui va du physique au digital. Mathieu Riou-Chapman note que : « si cette tendance a fait son apparition il y a 5-6 ans, elle est aujourd’hui à son paroxysme et a encore de beaux jours devant elle ». Loin de tuer le commerce vivant, on constate aujourd’hui que malgré l’essor considérable des boutiques en ligne, de nombreux commerces physiques continuent à se développer, à l’instar des nouvelles boutiques FNAC Connect, Optic 2000, Orange et Undiz, récompensées par un Janus du Commerce en 2015.

Enfin, pour Michel Sanlaville : « le design dans l’objet, le service ou l’espace doit donner de l’expérience, il doit faire vibrer. La fonction design n’est pas comprise aujourd’hui par le grand public, alors que le design est partout ». L’objectif de la fonction design est d’apporter une réponse plus expérimentale à tous les secteurs, dans l’industrie comme dans la distribution ou le secteur de la santé.

Autant d’aspects qui sont pris en compte pour l’attribution des Janus du commerce et ceux de l’industrie, qui récompensent l’intégralité de la démarche, de la problématique à la solution proposée en explorant les ‘‘5E’’ (voir ci-dessous). Une grille de jugement qu’Anne-Marie Sargueil résume ainsi : « Le bon design réussit ses 3 rendez-vous : attractif au moment de l’achat ; agréable à l’usage et respectueux pour la planète ».

Les « 5E », critères d’obtention du label Janus :

• Économie : un meilleur process de fabrication, moins de pièces, meilleure configuration de l’espace, pertinence de la réponse sur le marché, business model… ;

• Ergonomie : une relation d’usage facilitée avec le produit/commerce, davantage de praticité ;

• Esthétique : le ressenti, l’intégration dans l’environnement, l’adéquation avec l’environnement socio-culturel de ses clients ;

• Éthique : respecter la démarche environnementale et sociale ;

• Émotion : la synthèse éloquente de l’ensemble des critères, l’étonnement.

Author : J-F PREVERAUD pour IT industrie&technologies

Vers l’IFD : http://www.institutfrancaisdudesign.fr