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Les symbioses industrielles : un outil prometteur pour les PME dans leur engagement RSE

Se réunir en symbiose industrielle est un bon moyen pour les entreprises d’optimiser leur engagement en développement durable. C’est surtout une porte d’entrée pour les PME qui exercent une activité industrielle. Mais alors, comment s’organise une telle collaboration lorsqu’un parc industriel regroupe des dizaines d’entreprises ?

Développement durable, écologie industrielle et PME

Qu’est-ce qu’une symbiose industrielle ou écologie industrielle (définition).

La symbiose industrielle est un concept récent du développement durable, utilisé pour décrire un regroupement d’entreprises situées à proximité les unes des autres et qui :

Partagent des besoins communs ou complémentaires, et qui vont donc échanger des matières premières, de l’eau, de l’énergie ou encore, des services provenant de leur activité industrielle.
Partageant des éco-innovations, des connaissances et des procédés techniques.
Dans une symbiose industrielle, les entreprises mettent donc en commun leurs ressources ou des infrastructures afin de partager les coûts. Cela permet aux entreprises de mieux gérer leurs flux et leurs stocks, de réduire leurs déchets et leurs coûts d’exploitation. Ainsi, chaque entreprise trouve son compte dans ce maillage de synergies. Par exemple, la symbiose industrielle du Parc de Kalundborg (l’exemple le plus cité), qui rassemble douze entreprises qui s’échangent douze matières différentes et complémentaires. Ainsi, l’une des entreprises de ce groupe (une raffinerie) fournit à une autre entreprise (une usine de fabrication de plâtre) ses surplus de gaz afin de lui fournir de l’énergie pour sécher ses matières premières.

Les avantages de la symbiose industrielle

En s’unissant sous la forme d’une symbiose industrielle, les entreprises réalisent ainsi des impacts positifs (ou réduisent les impacts négatifs), tant au niveau économique, environnemental, que social.

Impacts positifs environnementaux : préservation des ressources naturelles, détournement de matières résiduelles et de l’enfouissement, réduction de l’empreinte écologique et des transports, respect dans la conformité réglementaire.
Impacts positifs économiques : diminution des frais de gestion en matières résiduelles, d’achats de matières premières, optimisation des procédés industriels, augmentation de la compétitivité, et préservation voire, création d’emplois.
Impacts positifs sociaux : création de relations entre les entreprises d’un même secteur ou d’une zone géographique, développement d’une image socialement responsable des entreprises partenaires, sensibilisation environnementale des employés.
Écologie industrielle et PME : l’exemple québécois du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI)

Le Centre québécois spécialisé en écologie industrielle (dont le rôle est d’accroître la performance des entreprises et des collectivités sur le sol québécois) a ainsi orchestré la mise en œuvre et le suivi de plusieurs réseaux de symbioses industrielles.

C’est ainsi que le Centre a animé des réseaux dans la région de Lanaudière (qui comprend 204 entreprises) et dans le Parc industriel de Bécancour. Fait intéressant : sur le parc de Lanaudière, sur 204 entreprises présentes dans le projet symbiose industrielle, 202 étaient des PME.

Or pour le CTTÉI la participation aux symbioses industrielles « agit comme une porte d’entrée aux concepts du développement durable », et représente une belle opportunité pour les PME qui s’engagent dans une démarche en développement durable et dans un processus d’économie circulaire.

Mais comment le Centre a-t-il a opéré pour encourager les PME dans cette démarche ? Cette méthode peut-elle servir à l’installation de synergies en écologie industrielle avec les PME en France ?

Intégrer les entreprises dans une symbiose d’écologie industrielle

L’initiation des symbioses industrielles suit une méthodologie particulière. D’abord, il s’agit d’établir un diagnostic territorial où sont situées les entreprises afin de faire émerger un maximum d’informations concernant les flux. Suite à ce recueil de données, il est nécessaire d’analyser et de prioriser les échanges réalisables.

Ces étapes sont menées par un animateur, responsable du projet. Sa mission est de s’assurer que les entreprises vont échanger entre elles, et que ces échanges sont compatibles et complémentaires.

Etape 1 : Le diagnostic de territoire pour l’écologie industrielle

Un projet d’écologie ou de symbiose industrielle ne démarre pas sans une analyse de terrain, encadrée par un animateur.

Les participants au projet
Il faut d’abord sélectionner les participants potentiels au projet, puis procéder à un recrutement des entreprises qui souhaitent s’investir sérieusement dans ce projet. Les entreprises recrutées vont fournir une expertise indispensable pour le diagnostic.

La collecte de données
Chaque entreprise souhaitant s’investir dans un projet d’écologie industrielle doit fournir un ensemble de documents résumant ses flux de ressources (inputs, outputs…). La documentation fournie par les participants permet d’effectuer un vrai diagnostic territorial, en révélant les flux de matières et des énergies existants, faisant ainsi ressortir d’éventuels échanges possibles entre les entreprises.

Il faut savoir que les ressources de l’animateur sont plutôt limitées compte tenu des multiples flux que révèle cette documentation. Il faut donc ensuite d’identifier rapidement les synergies réalisables le plus simplement et le plus efficacement.

Etape 2 : Identification et priorisation des synergies d’écologie industrielle

Cette phase de sélection est une phase majeure dans la création des symbioses industrielles. Il existe une multitude de synergies, mais toutes ne sont pas pertinentes au projet de symbiose industrielle. C’est pourquoi l’animateur va établir une liste des échanges prioritaires à mettre en oeuvre, afin de proposer des symbioses aux entreprises.

L’analyse des synergies
L’animateur se fonde sur les besoins et l’expertise de chacune des entreprises. Il va ensuite évaluer la probabilité que les projets se réalisent. À ce stade, il différencie les synergies non-priorisées, les synergies invalidées, des synergies priorisées.

La communication des synergies priorisées
Une fois les projets de flux sélectionnés, le responsable va animer des discussions entre les entreprises afin de présenter les synergies retenues. C’est aussi un moment de négociations. Les participants vont débattre pour différentier les synergies refusées, les synergies non-réalisables, des synergies acceptées.

Cette phase de discussion aboutit à la définition des modalités d’échanges et donnera lieu à un contrat entre les participants.

Les résultats des projets québécois d’écologie industrielle

Généralement, les projets de symbiose industrielle parviennent à des résultats plutôt convaincants. Par exemple, l’animateur du Parc de Lanaudière mène le projet avec 158 entreprises participantes. 300 synergies ont pu être identifiées dont 130 synergies prioritaires potentielles. Après discussion et négociations, 60 synergies étudiées ont été retenues. Par exemple, une entreprise du secteur du plastique s’approvisionne en matières secondaires auprès des acteurs du parc, et réduit ses achats de matières premières vierges. Une autre cherche à réduire ses déchets en sensibilisant ses fournisseurs à récupérer les chutes post-industrielles.

Quant au Parc industriel de Bécancour, sur les 151 symbioses initiées, 31 se sont concrétisées. Au total cela permet aux entreprises membres de ces réseaux de faire des économies, de réduire leurs déchets, d’économiser l’énergie ou encore de mettre en commun leurs matières premières, la logistique… Et donc d’être plus durables !

Déterminer les symbioses initiées et concrétisées grâce à une classification

Ces projets de symbiose industrielle s’inscrivent dans un processus d’amélioration continue. C’est pourquoi le dialogue et la concertation doivent faire partie du processus à chaque étape du projet. Les participants et les animateurs doivent sans cesse rechercher les facteurs clé de succès des symbioses initiées pour parvenir à leur concrétisation.

L’étudiant chercheur Julien Beaulieu, de l’école polytechnique de Montréal, a élaboré un arbre de classification des symbioses pour établir ces facteurs. Ainsi, pour le Parc de Bécancour, les entreprises qui travaillaient avec un recycleur avaient plus de facilité à coordonner les flux. En l’absence de ce recycleur, la distance était un facteur clé de succès dans le déroulement positif du projet. Au contraire, la taille de l’entreprise n’avait pas d’influence sur l’effectivité des échanges. Cela signifie que même les PME peuvent s’intégrer de façon efficiente dans les projets de symbiose industrielle, à condition de trouver les interlocuteurs pertinents.

Les symbioses industrielles représentent un outil intégrateur de l’économie et de l’environnement générant de ce fait des avantages sociaux pour l’entreprise. La taille de la structure n’étant pas un obstacle au déroulement du projet, c’est une opportunité pour les PME œuvrant dans une démarche en développement durable. Alors si vous êtes une PME, regardez autour de vous, vous pourriez peut être bien profiter de l’activité de vos entreprises voisines.

Author : Marion LAPERROUZE pour http://e-rse.net/

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