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L’innovation : un atout français pour notre santé

La France est en pointe dans le domaine de l’innovation en santé. Une chance à saisir : outre le gain thérapeutique pour les patients, elle renforce aussi la compétitivité dans notre pays et stimule la croissance économique.

Ces dernières années ont été marquées par une accélération spectaculaire des progrès médicaux. Dans notre pays, les prouesses se succèdent et repoussent chaque jour les limites du soin et de l’accompagnement des patients. Des enfants atteints du syndrome de Wiskott-Aldrich, une maladie altérant les défenses immunitaires, ont été soignés grâce à une nouvelle technique réparant les gènes défectueux. Une patiente victime d’un arrêt cardiaque a été sauvée grâce à l’utilisation de cellules souches embryonnaires, qui reconstituent le muscle du coeur. Des patients peuvent retrouver la vue grâce à des rétines artificielles. Demain, une fois administrés, les médicaments seront guidés pour agir sur les cellules malades tout en préservant les parties saines de l’organisme. Et la télémédecine permet déjà, dans tous les territoires, d’accéder à l’expertise des centres spécialisés.

La France est en pointe dans le domaine de l’innovation en santé. Parce qu’elle dispose de chercheurs et d’ingénieurs d’excellence, d’entreprises innovantes et de médecins déterminés à prodiguer les meilleurs traitements à leurs patients. Mais aussi parce que notre pays, grâce à ses établissements de renom, à ses équipements de pointe, à sa culture académique exigeante et foisonnante, a toujours su attirer les meilleurs talents. Grâce à ces atouts, nous faisons partie aujourd’hui des leaders mondiaux de l’innovation en santé.

C’est une chance à saisir pour notre pays. Tout d’abord, bien sûr, parce qu’elle est synonyme de gain thérapeutique pour les patients, mais aussi parce qu’elle renforce la compétitivité et stimule la croissance économique en France. Pixium Vision, Carmat, OsseoMatrix, Withings, PicoSeq, Généthon, Eligo Bioscience… sont autant d’entreprises françaises, performantes et innovantes, qui créent de la richesse et de l’emploi dans notre pays. Un exemple concret de ce double intérêt, thérapeutique et économique : je visite aujourd’hui, avec mon homologue mexicaine, Mercedes Juan Lopez, le site de Sanofi Pasteur qui produit le nouveau vaccin contre la dengue, une innovation qui permettra de soigner des millions de malades à travers le monde et qui, développée en France, mobilisera des équipes, un savoir-faire et un tissu d’entreprises pendant de nombreuses années. Enfin, en développant ces compétences, en accueillant tous ces talents, en réalisant ces nombreux essais cliniques sur notre territoire, nous sommes, plus que jamais, en mesure de préserver notre indépendance sanitaire.

L’innovation en santé, c’est aussi une nouvelle frontière pour la connaissance. Auparavant, l’étude du génome était réservée à quelques initiés. Aujourd’hui, il est possible d’en obtenir le séquençage complet pour quelques centaines d’euros. Cependant, en repoussant ces limites, de nouveaux enjeux de société, parfois des inquiétudes, émergent. C’est à l’Etat de faire respecter, dans ces débats, les principes essentiels qui nous unissent et structurent notre société.

Des principes éthiques, tout d’abord. Les dérives de la « géno-prévention », de la discrimination « génétique » et de l’eugénisme n’auront pas lieu dans notre pays. L’Etat doit rester ferme sur ses positions : oui à l’innovation, non à l’eugénisme ; oui à l’accès aux données de santé – qui sera permis de façon encadrée par la loi de modernisation de notre système de santé -, non à la fin du secret médical. L’intérêt seul du patient doit être le moteur de l’innovation.

Des principes sociaux, ensuite. Les traitements doivent être accessibles à tous, au prix juste. C’est la raison pour laquelle j’ai simplifié les règles qui encadrent la recherche clinique pour permettre à plus de patients de bénéficier précocement des traitements innovants. J’ai mis en place le « forfait innovation », qui permet à un nombre plus important de patients de bénéficier du remboursement à 100 % de produits de santé ou d’actes reconnus comme particulièrement innovants.

Aujourd’hui, je souhaite ouvrir un nouveau chapitre pour l’innovation en santé dans notre pays. Avec le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, nous lançons le plan Médecine du futur pour stimuler les projets industriels qui voient le jour dans le domaine de la médecine personnalisée, encourager le développement des dispositifs médicaux connectés, faire bénéficier le plus grand nombre de ces avancées majeures en regroupant nos efforts jusqu’à présent dispersés. J’ai également pris la décision de lancer, en lien avec Bercy et le ministère de l’Education nationale, une Journée nationale de l’innovation en santé afin d’intéresser nos concitoyens aux enjeux de cette nouvelle médecine en marche et de les tenir informés des politiques publiques conduites dans ce domaine. Cette journée réunira chaque année des professionnels de santé, des entreprises, des grandes universités pour échanger sur les avancées et les défis de l’innovation en santé.

Enfin, j’engagerai dans les prochaines semaines un Tour de France de l’innovation. L’innovation en santé n’est pas la chasse gardée des laboratoires et des hôpitaux de la capitale : toutes nos régions abondent d’entrepreneurs, de chercheurs et de structures qui agissent pour l’innovation en santé. J’irai donc à leur rencontre afin de les soutenir et de les encourager.

Author : Marisol TOURAINE dans le journal Les Echos [ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes]

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Vignette de l’article : Marisol TOURAINE, ministre des Affaires Sociales et de la Santéˆ. Crédit photo : GARO/AFP