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MAD pour mode, arts, design : nouveau nom et nouvelle identité pour les Arts déco (i)

« L’expression Arts déco était obscure pour le grand public », explique Olivier Gabet, le directeur des musées.

Le 8 janvier, les Arts décoratifs de Paris – qui réunit le Musée des Arts décoratifs, la bibliothèque, le musée Nissim de Camondo, les Ateliers du Carrousel et l’école Camondo – a changé de nom. L’institution s’appelle désormais MAD, pour Mode, Arts, Design, cette nouvelle identité et un nouveau logo ayant été repensés avec l’agence française de publicité BETC. Explications du directeur des musées, Olivier Gabet.

Pourquoi rebaptiser le lieu ? Aviez-vous honte des arts décoratifs souvent opposés aux « Beaux-Arts » ou peur de la confusion avec le style arts décoratifs des années 1910-1930 ?

Ne jetons pas le bébé, l’eau du bain et la baignoire. Depuis 1864, le Musée des Arts décoratifs est une institution pionnière, un musée né de l’initiative privée des industries d’art afin de faire aimer le patrimoine, éduquer, inspirer ces industries créatives. Aucune honte donc. Au contraire, avec cet acronyme partagé, l’institution revendique la place originale du Musée des Arts décoratifs et de ces trois piliers que sont mode, arts, design. Nous défendons depuis 150 ans l’absence de hiérarchie entre les arts, nous sommes l’ambassade de l’art de vivre à la française, de l’objet d’art virtuose au design industriel. Les Arts décoratifs tout court ne donnaient plus à voir un lieu singulier, ni un périmètre d’expression, mais une entité confondue avec l’ENSAD [Ecole nationale des Arts décoratifs], souvent nommée les Arts déco, ou un style unique, l’Art déco. L’expression reste obscure pour le grand public, nous en redonnons l’essence : le musée et ses domaines d’excellence.

Avec MAD, mode, arts, design, vous semblez mettre en avant la mode, pourvoyeuse de visiteurs, comme en témoigne l’exposition « Christian Dior, couturier du rêve », au score record de 708 000 visiteurs… Allez-vous changer les priorités du musée ?

Depuis 1986, le Musée des Arts décoratifs a consacré des dizaines d’expositions à la mode. Rien de nouveau sous le soleil. Le succès de l’exposition Christian Dior a sans doute attiré la lumière, mais la mode est dans nos gènes. En 2017 nous avons aussi exposé les merveilleux objets du ciseleur-doreur du XVIIIe siècle Pierre Gouthière ou d’Odiot, l’orfèvre de Napoléon 1er – les médias en parlent moins hélas – et offert un nouveau regard sur le Bauhaus. En 2018, nous rouvrons nos galeries XXe et XXIe siècles, avec le design en étendard, sur près de 2 100 m2. L’arbre de la mode ne cache pas la forêt des arts décoratifs.

Il existe déjà un MADD Bordeaux, un MAD Lyon… Peut-on imaginer dans le futur un dessein commun pour les arts décoratifs et le design en France ?

Le sigle peut s’appliquer à plusieurs musées en France et à l’étranger, qui partagent un même champ. Ce projet correspond à un moment dans l’évolution de l’institution après une crise réelle entre 2013 et 2015, une chute de la fréquentation et des ressources propres. Ce mouvement marque une forme de renaissance – attractivité retrouvée, retour des visiteurs et des mécènes –, et la volonté de rendre notre identité plus lisible dans un monde culturel démultiplié, rappeler sa pertinence, faire le lien entre héritage et prospection. Oui, un dessein commun est souhaitable, respectant chaque histoire, en une vraie ambition nationale alliant expositions et collections.

Propos recueillis par Véronique Lorelle pour Le Monde

Vignette de l’article : Crédits MAD

Pertinence et intérêt de l’article selon designer.s !

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(i) . Informatif