Depuis sa création, en 1961, le Salone del Mobile accueille à Milan des exposants du monde entier. Marco Sabetta, son directeur-général, donne les tendances du secteur.
Quelles sont les principales tendances que l’on observera au Salon cette année ?
Le classique confirme son retour en force. L’an dernier, nous avions consacré un pavillon, X-Lux, à ces objets et à ce mobilier au style moins contemporain que le pur design, qui puise ses références dans le passé, du XVIIe au XXe siècle inclus. Une tendance si forte que nous l’étendons cette année à un second pavillon, dans lequel nous présenterons également les lignes maison des marques de mode historiques comme Fendi, Roberto Cavalli ou Versace.
N’y a-t-il pas d’innovations ?
Si, bien sûr. L’irruption de la technologie LED, il y a cinq ou six ans, a débarrassé les designers de la contrainte de l’ampoule. En conséquence, les formes observées dans le luminaire sont plus libres et le choix des matériaux plus large – de nouveaux plastiques font notamment leur apparition. Les éditeurs italiens comme Foscarini, Kundalini, Artemide, Flos ou Oluce excellent dans ce nouveau regard porté sur l’éclairage. Nous constatons également un réel effort pour développer des objets recyclables produits selon un processus responsable, ce qui était impensable il y a dix ans.
Quelle est la spécificité du hall Satellite, dont vous célébrez le 20e anniversaire en 2017 ?
C’est un lieu où les jeunes créateurs viennent dévoiler leurs prototypes. Le Salon leur donne ainsi la possibilité d’entrer en contact avec les éditeurs présents dans les halls mitoyens. Des professionnels comme Fabio Novembre, Sebastian Herkner ou Patrick Jouin ont été repérés grâce à Satellite. À l’occasion de ses 20 ans, nous exposerons en ville le travail des designers qui ont marqué son histoire. Ce sera l’occasion de créer un lien supplémentaire entre le Salon et le centre-ville.
Comment ce salon est-il devenu le principal événement du design international ?
En 1961, les entreprises italiennes, qui exposaient jusque-là au Salon de Cologne en Allemagne, se sont regroupées pour organiser leur propre événement. Au meuble de maison se sont progressivement agrégés le luminaire, la cuisine et le mobilier de bureau. Le Salon a trouvé son public car Milan est une petite ville qu’il est facile de parcourir d’un bout à l’autre. Lorsque le Salon a affiché complet, les compagnies plus modestes ont colonisé le centre-ville pour former le « off », ou Fuorisalone. Dans les palazzi du centre de Milan, comme dans ses quartiers périphériques postindustriels, designers et éditeurs multiplient scénographies, expositions et cocktails. Des événements informels où le grand public se rend en nombre. Des marques d’automobile ou de high-tech y sont même représentées.
Vous avez lancé l’an dernier une édition chinoise de cette manifestation : est-ce pour anticiper la création d’un salon concurrent par la Chine ?
Nous avons décidé de le faire à Shanghaï lorsque nous avons réalisé que les Chinois étaient les visiteurs les plus nombreux à Milan. Nous ne pourrons jamais rivaliser avec les prix pratiqués par des pays comme la Chine ou le Vietnam. Notre but est d’être à la pointe de la nouveauté et de montrer des pièces de la meilleure qualité possible. Nous espérons aussi, bien entendu, booster l’exportation des marques italiennes.
Auteure : Propos recueillis par Marie Godfrain pour Le Monde
Vignette de l’article : Marco SABETTA directeur général du Salone del Mobile – Milano
Pertinence et intérêt de l’article selon designer.s !
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