Revue de presse » Une minute avec… Frédérique Bompuis

Une minute avec… Frédérique Bompuis

Frédérique Bompuis, réalisatrice et productrice, a choisi la Biennale de Saint-Etienne pour présenter son exposition, RL Streamline Life, sur Raymond Loewy. L’auteur de « La laideur se vend mal » est présent au sein de cet événement dont le thème est cette année « Les sens du beau ».

Anne-Marie Sargueil : L’ancienne élève de l’école des Beaux-arts de Saint-Etienne revient partager son expérience du design. Que vous a appris le parcours de Loewy ?

Frédérique Bompuis : J’ai d’abord découvert que Raymond Loewy était injustement méconnu en France. C’est pourquoi j’ai souhaité produire une exposition (en partenariat avec Christophe Bailleux, consultant en design) et co-produire un film écrit comme un thriller qui abordera le coté romanesque du personnage, en mêlant son parcours de designer à sa vie privée, à l’appui des home movies de Raymond Loewy. Dans un premier temps, l’exposition RL Streamline, dont j’assume le co-commissariat avec Christophe Bailleux, se tiendra dans le cadre de l’édition 2015 de la Biennale Internationale de Design de Saint-Etienne.

Depuis 20 ans, je recherche et étudie tout ce qui concerne Raymond Loewy. J’ai, par exemple, rencontré sa famille aux Etats-Unis. J’ai également pris part à l’une des ventes aux enchères des archives de son studio, ce qui m’a permis de rassembler de très nombreuses pièces : diverses esquisses crayonnées, des lettres personnelles, de nombreuses photographies, des films et des notes d’accompagnement émanant de l’agence Raymond Loewy Associates, dans les domaines de l’architecture et l’aménagement, l’automobile, la marine, les bateaux, l’aviation, les trains, le packaging, l’industrie, le mobilier, l’identité visuelle… C’est une partie de cette matière qui nourrit l’exposition sur des thématiques choisies : voitures personnelles, résidences privées, épouses et collaboratrices.

Chez Loewy, vie familiale et vie professionnelle étaient mêlées. Il se mettait très souvent en scène pour donner vie à ses réalisations, il y impliquait parfois jusqu’à ses proches. Cela m’a amenée à rentrer dans son histoire personnelle.

S’il avait compris l’importance de la marque et du visuel, j’ai aussi découvert à quel point Loewy était moderne, en avance sur son temps. Par exemple, à 15 ans, il a créé un modèle réduit d’aéroplane auto-propulsé, et l’a baptisé Ayrel (du nom de ses initiales). Déjà le sens du business !

C’est certainement pour toutes ces raisons qu’il a réussi sa carrière professionnelle aux Etats-Unis. Pensez qu’il a fait la couverture du Time ! Raymond Loewy est entré au Panthéon des créateurs, il a ouvert la voie du design dans le monde.

AMS : Quels sont vos projets, que se passera-t-il après la Biennale ?

Le documentaire (en 52 mm) que je co-écris avec le réalisateur Jérôme de Missolz sur Raymond Loewy sera livré à Arte France fin 2015, mais je n’ai pas encore la date de diffusion. Il est co-produit par ILIOM et les Films du Tambour de Soie.

Vous savez Anne-Marie, je partage votre intérêt pour l’histoire quand elle sélectionne les « grandes personnes ». Ce sont elles qui donnent les clés. Regardez les logos pérennes de Lu, Shell, Spar, Newman, Javel Lacroix, De Dietrich, pour ne citer que les plus connus. Ces logos sont conçus pour durer, et témoignent d’une forte personnalité de marque.

Les collaborateurs de Loewy ont fait de la Compagnie de l’Esthétique Industrielle probablement la meilleure école de design. Et parce que vous y avez travaillé, je ne vous apprendrai pas que la Compagnie a formé plus de 100 collaborateurs qui sont (ou ont été) à la tête des meilleures agences françaises (Dragon Rouge, Saguez & Partners, Plan Créatif ou Barrault, etc).

Author : Anne-Marie SARGUEIL, directrice de l’Institut Français du Design – IFD

Pour en savoir plus sur l’exposition :  http://presse.citedudesign.com/rl-streamline-life/