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Vous y croyez à l’innovation participative ?

Sprint de l’innovation, plateforme informatique d’innovation, incubateur de projets internes, tels sont les modalités les plus courantes de l’innovation participative. Cette démarche de management vise à stimuler et à favoriser l’émission, la mise en œuvre et la diffusion d’idées par l’ensemble des salariés en vue de créer de la valeur ajoutée et de faire progresser l’organisation.

Si cette définition semble ambitieuse, est-elle réaliste ? En effet, elle pose a minima deux questions, celle de l’implication des salariés et de l’organisation de l’innovation. Il est très probable qu’après quelques années passées dans son entreprise, le salarié en ait intégré, petit à petit, toutes les censures, tous les refus anciens de ses collègues et hiérarchiques. A-t-il encore le courage d’émettre des idées ?

Et si c’est le cas, l’innovation ne devenant éventuellement un succès que si elle a été partagée, discutée, modifiée, transformée par tout un réseau d’acteurs, suffit-il d’inciter ses collaborateurs à proposer des idées pour qu’elles deviennent, de façon miraculeuse, des innovations au succès commercial avéré ?

De plus, l’innovation collaborative pose la question de l’organisation de l’innovation en général. En effet, organisation et innovation sont des notions presque antinomiques. Comment l’innovation, par nature imprévisible, basée sur la créativité et nécessitant des ressources multicompétences peut-elle de façon prévisible et anticipée produire une valeur économique ? Suffit-il d’organiser un événement pour que la bonne idée émerge, alors que l’innovation n’est que changement, essai et parfois chaos ?

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En réalité, l’innovation participative doit être vue comme un outil d’apprentissage. C’est, d’une certaine façon, l’officialisation du droit à l’essai, terme bien plus encourageant que le classique droit à l’erreur. C’est en fait le financement de l’expérimentation, de l’exploration de nouveaux territoires.

Car savoir qu’une voie est sans issue permet à l’entreprise d’en tirer des conclusions, pour son activité principale et ses choix de développements futurs. Bref, du temps gagné, à condition d’en capturer les apprentissages.
Edison, à sa façon, le disait déjà : « Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10 000 solutions qui ne fonctionnent pas ». Sauf la dernière, aurait-il pu ajouter !

Si l’innovation participative n’est pas une baguette magique, elle permet de réactiver la dynamique et la culture d’entreprise, de revitaliser les salariés en leur donnant la possibilité de pousser leurs idées, de développer leur sens de l’intrapreneuriat.

Enfin, elle apporte une réponse concrète au défi qui se pose à toute entreprise, à savoir concilier conjointement l’exploitation des ressources, produits et services existants et l’exploration de nouveaux domaines. Et ce sont bien les synergies entre ces deux mondes qui créeront l’innovation tant attendue !

Author : Frédéric SAUZET pour Les Echos