Révolution numérique oblige, les designers repensent les bureaux et la vie dans la cité, thème central du dixième rendez-vous international de design, jusqu’au 9 avril.
Dans l’exposition « Popcorn » du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne, on peut voir Charlot pris dans les rouages d’une machine géante, la célèbre scène du film Les Temps modernes (1936). Quatre-vingts ans plus tard, la même appréhension de l’avenir habite les clichés teintés d’humour de 22 étudiants, sélectionnés par l’Institut français du design pour leur vision sagace du travail au XXIe siècle.
« Il est temps que la maison s’invite au travail. » Olivier Saguez, de l’agence de design global Saguez & Partners
Une trentaine d’écoles ont participé à ce concours de photographies présentées dans « Explore : Outside the Box », l’un des nombreux rendez-vous de la dixième Biennale du design organisée, jusqu’au 9 avril, sur le thème « Working Promesse – Les mutations du travail ». C’est plutôt de révolutions qu’il faudrait parler. « De la Renaissance à la révolution industrielle, chaque vague de mutation technologique s’est accompagnée d’une réorganisation du travail », a affirmé l’économiste Nicolas Bouzou, invité par Gaël Perdriau, maire (LR) de la ville et président de Saint-Etienne Métropole, à échanger sur ce thème avec le philosophe et ancien ministre Luc Ferry. Ainsi, au XIXe siècle, la transformation industrielle a entraîné le regroupement d’ouvriers dans des usines où l’on contrôlait leur présence et le nombre d’heures effectuées avec un système de maîtres et de contremaîtres.
Il y a aujourd’hui, à l’heure d’Internet, un non-sens (sans parler du surcoût écologique) à cueillir les gens chez eux le matin pour les y ramener le soir. La révolution numérique a rendu possibles de nouvelles formes de travail : le télétravail, le co-working, le travail indépendant ou le multitravail (chauffeur, loueur d’appartements ou d’automobiles grâce aux milliers de données traitées en temps réel…). L’entreprise, pour garder ses meilleurs éléments, doit offrir bien plus qu’autrefois.
A la Biennale de Saint-Etienne, on montre du mobilier inédit, destiné à répondre aux envies et aux besoins de chacun de s’isoler ou de travailler en groupe. Le bien-être au travail est mis en scène, notamment, par l’agence T&P Work UNit sous le titre « Le bureau générique ou le temps des cols blancs créatifs », avec un « extrait » des aménagements pensés pour (et avec) l’agence de publicité BETC, à Pantin, en Seine-Saint-Denis. « Le travail est entré dans la maison en même temps qu’Internet […].
Auteure : Véronique LORELLE pour Le Monde
Vignette de l’article : « Réunion de bureau » du futur, vue par Zenaïde Gaboriau et Alice Leblanc, Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art. | Institut français du design, 2017
Pertinence et intérêt de l’article selon designer.s !
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