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Ces nouveaux métiers du design venus du futur

Le designer est celui qui transforme les idées et concepts en réalités tangibles pour les utilisateurs. Voici quelques-unes des nouvelles spécialisations, venues du futur, qu’il pourra peut-être exercer dans les années à venir.

Créer des tissus humains, améliorer l’expérience de pilotage d’un drone, reproduire le monde à nano-échelle… « Tous les trois ans, le designer doit développer une créativité nouvelle, dont les seuls référents relèvent de la science-fiction », explique Jean-Louis Fréchin, directeur de l’agence Nodesign et enseignant à l’École nationale supérieure de création Industrielle (ENSCI).

Il aime comparer ses étudiants aux découvreurs portugais qui, sur leur caravelle, « devront déterminer comment survivre dans cet espace inconnu. » Le designer de demain est avant tout un généraliste qui, comme une éponge, doit apprend très vite à devenir le spécialiste d’un domaine jusqu’alors inconnu.

Un métier à la croisée des disciplines

Cela dans un seul but : satisfaire les besoins du client. « Être designer, c’est permettre aux utilisateurs d’accéder à la technologie la plus pointue et actuelle et de se l’approprier », explique Anne-Marie Sargueil, présidente de l’Institut français du design, qui prépare un concours international inter-écoles, Design Campus 21 pour mi-2016.

En atteste la démocratisation des « Designers UX », pour « user experience », qui travaillent à l’ergonomie des nouvelles technologies et des « Designers UI », pour « user interface », qui se spécialisent dans la qualité graphique des icônes. « Leurs dessins doivent être évocateurs, et induire intuitivement un geste de la part de l’utilisateur », précise Anne-Marie Sargueil.

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Dans un monde qui ne cesse d’innover, le designer se retrouve à la croisée des disciplines. Il doit rendre réelles les idées des entreprises, des maîtres d’ouvrages ou encore des laboratoires. Voici quelques-unes des spécialités « futuristes » que les designers sont d’ores et déjà amenés à explorer.

1 – Designer d’avatar
Avec le perfectionnement des jeux vidéos et l’avènement de la réalité virtuelle, le designer est amené à se spécialiser dans la programmation d’avatars. « Construire un avatar nécessite une approche en 3D, puisqu’il faut fournir à ce personnage virtuel un cadre de vie dans lequel il va pouvoir évoluer », explique Anne-Marie Sargueil, qui souligne pour cela l’importance de maîtriser les codes de la bande dessinée. À ce titre, l’école de l’image des Gobelins, dont les étudiants sont régulièrement embauchés chez Pixar, propose un diplôme « Designer et développeur interactif », arrivé en tête du classement du cabinet SMBG 2015-2016 des meilleures licences et bachelors.

2 – Designer de membres et d’organes humains
Les imprimantes 3D sont désormais capables de reproduire des éléments du corps humain, à l’instar du Fablab d’Amsterdam, qui mène un programme de recherche sur le processus de fabrication de prothèses à bas coûts à destination des pays en développement . « Certains designers veulent aller encore plus loin et travaillent sur des imprimantes qui reproduisent les tissus humains, précise Jean-Louis Fréchin. On pourra peut-être bientôt refaire la peau des grands brulés. »

3 – Designer de nano technologies
Certains designers sont désormais capables de reproduire à nano échelle des objets du monde réel, en conservant leurs caractéristiques, comme des micro voitures ou des nano moteurs à explosion. L’objectif de cette démarche, avant tout artistique, est d’apprendre à travailler sur des composants de l’échelle de l’atome.

Les designers se familiarisent ainsi avec ces minuscules composants, comme les nanotubes de carbones, pour participer ensuite à la conception d’objets connectés dotés de technologies émergentes. C’est dans cette démarche que L’ENSCI a créé une résidence au CEA de Grenoble, au sein du LETI, un laboratoire qui concentre ses activités sur les micro et nano technologies. Là où le designer travaillait hier avec des mécaniciens ou des électroniciens, il a aujourd’hui affaire à des spécialistes des nano technologies ou des micro électroniciens.

4 – Designer d’expérience pour drone
Les designers sont aujourd’hui capables de maximiser l’expérience des utilisateurs de drones équipés de caméra pour réaliser des films ou des photographies. L’agence Nodesign a par exemple développé, pour le fabriquant de drones Parrot, une interface très simple permettant à l’utilisateur de piloter la machine volante tout en apprenant à cadrer sa caméra.

5 – Designer 3D temps réel
La 3D temps réel, utilisée par les concepteurs de jeux vidéo, utilise un « moteur de jeu », une série de composants logiciels qui fait fonctionner le jeu en temps réel. Dans le cas d’un jeu de course de voiture, c’est ce moteur qui déforme la tôle du véhicule s’il y a un accident ou qui crée des reflets sur le barre-brise.

Ce moteur de jeu réagit à des capteurs de mouvements, situés par exemple dans le volant que tient dans ses mains l’utilisateur, ou la manette de la PlayStation, et qui permettent l’interaction dans le jeu. « À l’époque, tout ce qui figurait dans un jeu avait été minutieusement préparé et dessiné. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans un espace de simulation », détaille Jean-Louis Fréchin.

Face à toutes ces spécialisations, comment les étudiants en école de design peuvent-ils, dès lors, se préparer au mieux aux évolutions de leur futur métier ? « Ils ne doivent pas se spécialiser trop tôt, mais plutôt renforcer leur culture générale, technologique et artistique, pour devenir des machines à questionnement », explique Jean-Louis Fréchin. L’objectif : rendre les designers indépendants de l’obsolescence des technologies.

Author : Julia MOURRI pour Les Echos START