Fruit d’un nouveau concept, cet article appartient au dossier La Rédaction a repéré pour vous, un catalogue de signets regroupant des histoires qui nous ont particulièrement allumé et qu’on veut vous faire partager.
Faites du sport et mangez bien pour être en santé, nous martèlent sans cesse les spécialistes en santé publique. Il y a toutefois une autre option complémentaire pour atteindre cet objectif, soit le design actif, une approche qui incite les gens à bouger et qui contribue ainsi à réduire l’obésité et ses impacts négatifs.
Le design actif (active design, en anglais) peut s’appliquer à l’aménagement des villes, des habitations et du milieu de travail.
Il s’agit par exemple d’aménager ces endroits pour inciter les gens à marcher ou à prendre les escaliers. Ou de construire des pistes cyclables et des parcs qui sont attrayants pour les citadins, sans parler d’espaces de bureaux favorisant la mobilité des employés.
L’idée est de contrer l’effet pervers de l’urbanisation qui a fait une place démesurée à l’automobile et à la réduction de l’effort physique, notamment en raison des escaliers roulants.
Le New York Times abordait d’ailleurs cet enjeu à la mi-juillet (Desiging an Active, Healthier City).
L’organisme new-yorkais Center for Active Design – une référence en matière de design actif – publie aussi une foule d’information et de cas concrets à ce sujet.
Autant de sources d’inspiration pour une ville comme Montréal, où les ascenseurs et les escaliers roulants sont trop souvent utilisés.
Une vieille approche qui a fait ses preuves
Le design actif n’est pas une nouvelle tendance. À vrai dire, on redécouvre plutôt ses vertus, notamment à New York, car il permet de diminuer l’impact de la sédentarité et de l’obésité.
Selon le département de la santé de la ville, plus de la moitié de la population adulte de New Yok souffre de surpoids (34%) ou d’obésité (22%). Et leur milieu de vie (maison, lieux publics, travail) a contribué à cette situation.
C’est pourquoi le design actif est vu comme l’une des solutions pour renverser cette tendance.
Vous êtes sceptiques ? Vous doutez de l’efficacité du design dans l’amélioration de la santé publique?
Un petit retour en arrière s’impose pour comprendre l’impact que peut avoir le design actif.
Dans les années 1880, la majorité des gens (57%) mouraient en raison de maladies infectieuses comme le choléra, la tuberculose ou la fièvre jaune, selon le Center for Active Design.
La surpopulation dans certaines villes pesait dans la balance.
Par exemple, à New York, la population avait bondi de manière vertigineuse au cours du 19e siècle, passant de 40 000 habitants, en 1800, à près de 4,5 millions d’habitants, en 1900.
Cette situation a fait en sorte que les humains, les animaux et les déchets abondaient dans la ville, contaminant les sources d’eau potable.
Comment New York a vaincu les maladies infectieuses
Pour remédier à cette situation, les autorités ont décidé d’entamer de vastes travaux pour améliorer la qualité de l’eau et de l’air.
En voici quelques-uns :
– en 1842, elles ont inauguré le système d’aqueduc Croton, qui amenait de l’eau fraîche à partir de région situées plus au nord dans l’État de New York.
– en 1857, elles ont construit Central Park, un projet salué à l’époque comme étant les «poumons des ouvriers» new-yorkais.
– en 1901, elles ont banni les immeubles d’habitation sans fenêtre et sans circulation d’air.
Tous ces travaux ont permis de réduire le nombre des maladies infectieuses à New York – sans parler de la découverte des antibiotiques. Résultat ? En 1940, seulement 11% des habitants de la ville mourraient de maladie infructueuse.
Aujourd’hui, la ville fait face une autre menace mortelle : l’inactivité physique et l’obésité, tous deux reconnues comme étant des facteurs de risque majeurs dans l’apparition de maladies chroniques (maladies cardio-vasculaires, cancer, diabètes, etc.).
En 2012, un adulte sur deux aux États-Unis (117 millions de personnes) souffraient de maladies chroniques, selon le Centers for desease control and prevention.
Et selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies chroniques sont responsables de 63 % des décès et constituent la première cause de mortalité au monde.
Ces dernières années, les autorités new-yorkaises ont décidé de prendre le taureau par les cornes afin de réduire l’impact des maladies chroniques.
C’est pourquoi, comme à l’instar des travaux initiés au 19e siècle et au 20 e siècle, elles ont décidé de créer ou de modifier la vocation de structures pour inciter les New Yorkais à bouger et à prendre de l’air.
Deux projets novateurs
Par exemple, en 2009, les autorités ont inauguré le High Line, un parc public de 2,3 kilomètres de long aménagés sur une ancienne ligne ferroviaire surélevée en plein cœur de New York.
Ce parc permet aux citadins de se relaxer, de marcher et de faire de la course à pied.
En 2009, les autorités ont aussi commencé la construction du Brooklyn Bridge Park. Il s’agit d’un parc de 85 acres composés de plusieurs sections reliées entre elles sur le front de mer de Brooklyn.
Le Brooklyn Bridge Park abrite des plages, des terrains de volley-ball, des pistes cyclables, sans parler de la présence d’arbres et de petites collines qui permet de se protéger du soleil, du vent et du bruit.
Pendant des décennies, cette zone industrialo-portuaire a été inaccessible au public.
Le design actif n’est pas une panacée. Pour être en bonne santé, il faut bien manger et faire du sport.
Cela dit, des villes favorisant la marche et les déplacements en vélo, des bâtiments publics dotés d’escaliers accessibles et agréables à prendre, des environnements de travail favorisant la mobilité des employés ne peuvent qu’améliorer la santé publique, selon les spécialistes.
Source : http://www.lesaffaires.com
Vignette de l’article : Le Superkilen Urban Park, à Copenhague, au Danemark, qui favorise l’activité physique – Source : Center for active design et High Line, parc public de 2,3 kilomètres de long aménagés sur une ancienne ligne ferroviaire surélevée en plein cœur de New York.