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*** Robots, entre fascination et menace

Il y a longtemps que la réalité a dépassé la fiction. Les robots, désormais partout autour de nous, posent de nombreuses questions éthiques. C’est ce que montre une exposition au Vitra Design Museum, à Weil am Rhein en Allemagne.

L’image du robot, le petit automate métallique des vieux films de science-fiction, est dépassée par les objets connectés et les drones. Durant les dix dernières années la robotique s’est redéfinie, depuis qu’elle n’est plus l’apanage exclusif des informaticiens et des ingénieurs.

L’exposition « Hello, Robot. Design between Human and Machine » visible jusqu’au 14 mai au Vitra Design Museum à Weil am Rhein (Allemagne) permet de jeter un regard panoramique sur plusieurs thématiques, comme notre rapport aux robots ou encore des questions d’éthique et de morale posées par la place des robots dans notre société.

Par robot, on entend tout dispositif capable de mesurer des données, de les interpréter et d’y réagir physiquement.
Au commencement était R2-D2

C’est une icône, une figure de légende, un mythe à lui seul. R2-D2, le droïde astromecano de la saga « Star Wars » est présenté à hauteur de regard dans une vitrine du Vitra Design Museum.

Créé en 1977, il n’a rien perdu de son aura malgré les quarante années écoulées. Ce qui n’a rien d’étonnant dans la mesure où dans la mémoire populaire, le petit réparateur de vaisseaux spatiaux au langage sifflant et son acolyte humanoïde doré, C-3PO, incarnent deux des tous premiers prototypes de robots.

D’entrée de jeu, l’exposition « Hello, Robot » frappe donc un grand coup, et c’est volontaire. La commissaire de l’expo Amelie Klein et son équipe, l’ont conçue à partir de diverses questions.

« Quelle a été votre première expérience des robots? », peut-on lire par exemple au-dessus des têtes des visiteurs. Or l’une des réponses les plus fréquentes à cette question est « Star Wars ».

Tamagotchi et Transformers

Le sympathique R2-D2 de « Star Wars » n’est cependant que l’une des 150 pièces exposées. Évidemment, il ne manque dans l’exposition ni le Tamagotchi, ce petit animal domestique virtuel des années 1990, ni les Transformers, eux aussi très appréciés. La culture populaire a clairement façonné notre vision des robots. Et leur a généralement donné une forme humaine. Mais c’est une vision réductrice.

« Il n’est pas facile de définir ce qu’est un robot », constate Amelie Klein. Pour cette exposition elle et son équipe ont décidé d’adopter la définition d’un designer, selon laquelle il faut trois éléments fondamentaux pour faire un robot: des capteurs, c’c’est-à-dire des appareils pour mesurer des données, une intelligence (logicielle) pour interpréter ces données et des actionneurs (des appareils capables de réagir physiquement aux données mesurées, que ce soit par des bruits, des lumières ou des mouvements).

La différence entre une lampe-robot et une lampe normale, c’est que pour la lampe normale, on appuie sur l’interrupteur et elle s’allume. La lampe-robot, elle, clignote pour vous dire bonjour, allume la lumière dans la cuisine, car vous avez l’habitude de vous faire un thé et elle installe une lumière tamisée près du canapé, où vous allez boire votre thé pour vous détendre.
Amelie Klein, commissaire de l’exposition « Hello, Robot » au Vitra Design Museum

Le design, une passerelle

Les robots fascinent, mais suscitent aussi de multiples craintes. Soit ils nous sauvent, soit ils nous détruisent. L’exposition « Hello, Robot » met en scène cette ambivalence fondamentale.

C’est aussi pour cette raison que cette exposition est présentée dans un musée de design, explique la commissaire, Amelie Klein. Le design joue un rôle d’intermédiaire dans les problématiques liées au numérique. Loin de n’être qu’une simple question de formes et de couleurs, le design devient un enjeu dans l’interaction et la relation avec les machines.

Les robots sont parmi nous

A Weil am Rhein, on peut découvrir entre autres des visions de maisons pivotantes: en fonction de leur position, leur surface intérieure peut être utilisée pour divers usages et habitée de diverses manières afin d’économiser de la place et des matières premières. Il y a aussi un pot de fleurs robot, qui satisfait tout seul les besoins des plantes d’intérieur en lumière et en eau.

Science-fiction? Nous vivons déjà dans un monde de robots, l’exposition le montre bien. Elle met aussi en évidence les questions éthiques et morales posées par les robots.

Préférer les questions aux réponses

Le fil rouge de l’exposition est représenté par 14 questions visant à ouvrir le débat sur le rapport controversé avec la robotique et à faire réfléchir sur la manière dont nous nous rapportons aux nouvelles technologies.

L’exposition « Hello, Robot » a le mérite de ne pas apporter des réponses définitives, mais de nous fait prendre conscience de toutes ces questions éthiques et morales liées aux robots, auxquelles nous devons encore réfléchir dans leurs implications sociales, politiques mais aussi personnelles.

Memo

L’exposition « Hello, Robot. Design between Human and Machine » à voir jusqu’au 14 mai 2017 à Weil am Rhein (Allemagne) et à partir du 12 mai 2018 au Gewerbemuseum à Winterthur.

Par robot, on entend tout dispositif capable de mesurer des données, de les interpréter et d’y réagir physiquement.

Le terme de robot a été inventé par un auteur de théâtre tchèque, Karel Čapek, dans les années 1920. « Robot » est un mot d’origine slave, qui signifie « travailleur ». Dans la pièce « R. U. R. », des hommes artificiels commencent par travailler au service de l’humanité, mais finissent par la détruire.

Auteur : Noëmi Gradwohl – SRF Kultur/mcc – pour https://www.rts.ch

Vignette de l’article : Image du film « Star Wars Episode IV – A New Hope » avec R2-D2 et son fidèle compagnon C-3PO. [Lucasfilm/20th Century Fox/The Kobal Collection]

Pertinence et intérêt de l’article selon designer.s !

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* Mauvais, très critiquable