La fameuse chaise A de Tolix, fabriquée à Autun et connue dans le monde entier vient de fêter ses 80 ans d’existence.
Et pourtant, sans la détermination d’une femme, la société bourguignonne et son produit vedette auraient pu connaître une issue désastreuse, disparaître ou voir la production quitter la cité éduenne pour s’installer ailleurs. La maison Tolix a été épargnée grâce à la volonté de Chantal Andriot. En 2004, alors que l’entreprise est sujette à des difficultés, sa directrice financière décide de la reprendre. Elle la redémarre avec vingt salariés. Et Tolix devient « Tolix Steel Design ». Sa passion pour cette entreprise, son goût de l’entrepreneuriat, son audace, sa fidélité envers la marque couplée à l’intime conviction que celle-ci ne doit pas s’éteindre, ont été déterminants dans son choix. Avec un personnel motivé, elle relance la machine et replace Tolix en bonne place sur le marché du mobilier métallique utilitaire.
Dans son projet de reprise, Chantal Andriot souhaitait perpétuer la double exigence de qualité et d’innovation – les marques de fabrique de Tolix. C’est ainsi qu’en 2006, deux ans seulement après son acquisition, l’entreprise a reçu, le label « Entreprise du Patrimoine Vivant » décerné par le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Distinction reconduite en 2012. C’est d’ailleurs, le secrétaire d’Etat chargé du commerce, de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises qui est lui-même venu à Autun pour remettre la distinction.
Cette double exigence va de pair avec la volonté de la dirigeante autunoise de maintenir la production au siège historique : « A la reprise, je partais dans l’inconnu mais c’était déjà un engagement pour moi de rester à Autun » avance Chantal Andriot. Le succès que connaît Tolix est en grande partie lié à la politique du « Made in France » plébiscitée par la patronne. Toutes les matières premières, de la tôle à la peinture en passant par les emballages, sont achetées auprès de fournisseurs français. Pour cette dernière, produire à Autun est un gage de qualité puisque le savoir-faire, en l’occurrence le personnel, y réside. « Je suis attachée à ces valeurs humaines. Garder les familles en Bourgogne, à Autun, est important, cela à un sens. C’est utile de donner du sens à ce que l’on fait » confie la dirigeante tout en avouant être approchée par des fonds d’investissements.
Elle ne tarit pas d’éloges sur son personnel qu’elle considère comme un véritable atout pour l’entreprise. « Il est important de rester proche des gens. J’ai la chance d’avoir des salariés passionnés, fidèles, qui ont des valeurs et sont attachés à leur entreprise. Pour moi, ce ne sont pas des numéros. D’ailleurs, chez nous il n’y a pas de pointeuse. Tout est question de confiance. Ce sont des femmes et des hommes avec beaucoup de talents et qui ont de l’or dans les mains. J’aime mon personnel. Nous sommes une famille » explique non sans une certaine émotion, Chantal Andriot.
Investissements et modernisation de l’outil de production
Dans la renaissance de Tolix, à la qualité s’ajoute la politique de modernisation des équipements associant efficacité et performance. En effet, à son arrivée à la tête de Tolix, Chantal Andriot n’a pas hésité à investir massivement dans le renouvellement des outils de production.
Elle a elle-même installé une nouvelle unité de production plus moderne et spacieuse en adéquation avec les normes les plus strictes et exigeantes. La dirigeante est également parvenue à diversifier l’offre en remettant au goût du jour d’autres modèles emblématiques de la marque, notamment du mobilier. Un choix stratégique visant évidemment à doper la croissance de l’entreprise.
Tolix, plus qu’une marque, un art qui s’expose
La chaise A et les autres produits Tolix ne sont plus regardés uniquement comme de simples mobiliers utilitaires mais également comme des objets d’art. Chantal Andriot a réussi un pari qui n’était pas gagné d’avance en leur donnant cette dimension artistique. Pour y parvenir, elle a travaillé avec les meilleurs designers, parmi lesquels ceux de Normal Studio. Frédéric Gaunet a été chargé par la présidente de Tolix de concevoir un nouvel objet qui associerait tradition et modernité et servirait de lien entre deux générations, en l’occurrence le travail historique de Tolix et l’époque contemporaine. Cette collaboration a donné naissance aux vestiaires monocylindres, bicylindres et aux meubles-tabourets. Plus récemment, en 2014, Patrick Norguet a répondu à cet appel à l’innovation en réalisant le nouveau modèle d’assise, la chaise T14. (…)
Author : Michel SOOKHOO pour Le Bien Public