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Le futur de l’alimentation en 5 tendances

Les questions sanitaires et environnementales, parce qu’elles sont à la fois une nécessité et que les citoyens-consommateurs y sont de plus en plus sensibles, revisitent nos pratiques de consommation et habitudes alimentaires. Retour sur cinq tendances qui dessinent la consommation alimentaire de demain.

L’intérêt croissant des jeunes générations pour leur santé, et encore plus pour leur bien-être général, les amène à porter une attention particulière aux aliments qui ont une fonctionnalité ciblée sur leur corps et leur esprit. Si les super aliments font parler d’eux depuis quelques années, l’intérêt que les consommateurs leur porte est en pleine croissance, et se déplace d’ingrédient en ingrédient selon les saisons. La star du moment est le curcuma, une épice censée pouvoir guérir un cancer comme une dépression, avec des recherches sur Google en hausse de plus de 300% au cours des cinq dernières années, d’après le département Market Insights du moteur de recherche américain.

Les autres ingrédients récemment populaires sont le vinaigre de cidre, l’huile d’avocat, le melon amer, et le kéfir, censés avoir des bienfaits sur la peau, la libido, le sommeil, la douleur et l’énergie. Les marques aux Etats-Unis et en Europe ont vite investi ce créneau. Plusieurs d’entre elles ont décliné la grande tendance autour du chou kale en chips; dont Happy Crulture qui les propose en version croustillante et crue. La start-up française, Springwave, a fait office de pionnier en proposant la première eau minérale régénérante et anti-oxydante à la spiruline. Le retail s’y est aussi mis : Moon Juice, une adresse branchée de Los Angeles, présente sa gamme de produits selon leurs bénéfices : Beauty Dust, Brain Dust, Goodnight Dust…

Le zéro gâchis deviendra une priorité

Avec 30 % de la production alimentaire mondiale perdue après récolte ou gaspillées dans les magasins, la lutte contre le gaspillage fait désormais partie des priorités des institutions internationales (FAO), des États et des ONG, des organisations professionnelles, et même des consommateurs, de plus en plus avertis. Parmi les nombreuses initiatives, les supermarchés tentent de récupérer et de transformer les fruits et légumes : à Londres, une enseigne promet ainsi un gaspillage zéro grâce à la transformation en soupe de ses légumes invendus, alors que la campagne favorisant les “Légumes moches” fait un tabac en France.

Silo, le premier restaurant “zero waste” à Brighton au Royaume-Uni, va même plus loin en promettant zéro sac poubelle, zéro produits de nettoyage industriels, et surtout zéro déchets grâce à une machine à compost. Côté packaging, la société américaine, WikiFoods, commercialise des emballages comestibles, conçus à base de particules alimentaires. On y trouve des produits au yaourt, au fromage, à la crème glacée ou au jus de fruit.

Sur le chemin de la nourriture de synthèse…

La production de viande devrait doubler d’ici 2050, par rapport à 2000, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. En cause, l’augmentation de la population mondiale évaluée à environ 2 milliards d’individus, qui fera ainsi progresser en parallèle la demande de viande -même si toutes les bouches ne sont pas carnivores. Un véritable problème pour l’agriculture, qui voit déjà ses ressources animales se raréfier d’année en année. Des solutions alternatives à la viande sont en train d’émerger : une industrie naissante qui pourrait bien changer nos modes de consommation. Premier substitut : le steak synthétique. Le scientifique, Mark Post, a conçu un steak artificiel en 2013, qu’il a fabriqué à partir de cellules souches de vache cultivées en laboratoire.

De nos jours, il est tout à fait possible de créer des fibres musculaires et de les faire se contracter en « steak », pour les proposer demain à la consommation. Second substitut : la viande à base de végétaux. La start-up, Impossible Foods, a réussi à développer une viande grâce à des végétaux pour obtenir un burger 100% végétarien, mais qui conserve pour autant l‘aspect visuel d’un steak hâché saignant. De même, la start-up américaine, BeyondMeat, vend des préparations végétariennes dont l’aspect, la texture et le goût rappellent étrangement le blanc de poulet ou le steak haché.

Ni viande ni poisson, mais des… insectes !

Toujours pour des raisons de protection de l’environnement liées à la raréfaction des protéines animales, l’Organisation Mondiale de la Santé recommande l’élevage d’insectes à grande échelle depuis 2013. Une nouvelle génération de chefs, d’agriculteurs, d’experts du développement durable et de mangeurs audacieux est donc en train de s’aventurer dans l’”entomophagie” (consommation d’insectes par l’humain), pendant que les adeptes de sport et de fitness y voient une ressource supplémentaire d’énergie.

Demain, les fermes (Big Cricket Farms, Entomo Farms aux Etats-Unis) et les producteurs alimentaires se concentreront sur la production ou la fabrication de produits à base d’insectes -pour l’instant cantonnée essentiellement aux grillons. Le principal défi des marques sera de surpasser l’imaginaire peu ragoûtant que ces nouvelles mixtures évoquent. Il faudra notamment travailler sur les textures, les emballages intelligents, une communication moderne et séduisante afin de faire accepter ces ingrédients inhabituels par un plus large public. Pour le moment, quelques start-up américaines s’engagent doucement dans la tendance en proposant de la farine à base de grillons : c’est le cas de Bitty Foods, Six Foods ou encore Exo qui ont misé sur l’accessibilité avec des barres de céréales.

Quand l’agriculture envahit les villes et les intérieurs…

Face à l’explosion démographique, l’un des grands défis de notre époque est de doubler la production alimentaire d’ici à quarante ans pour nourrir 9 milliards d’humains. Pourtant 80 % des terres arables sont déjà exploitées. D’où le déplacement de l’agriculture dans l’espace urbain, qui ne cesse de s’étendre toujours plus pour accueillir une population grandissante et qui réduit par la même occasion la surface des sols cultivables. Ce constat a amené l’ONU à encourager le développement de l’agriculture urbaine, une pratique qui s’est diffusée sous diverses formes.

Le Japon est familier des fermes-containers : Fujitsu, Panasonic et Toshiba ont reconverti leurs usines de composants informatiques en fermes d’intérieur, empruntant plus aux pratiques de laboratoire qu’à celles des fermes traditionnelles. Aux Etats-Unis et en Europe, on récupère l’espace libre sur les toits des immeubles pour y installer des serres ou des potagers, répondant ainsi à la demande pour des produits frais et locaux (ferme Lufa à Montréal, fermes Gotham Greens à New York). A l’échelle d’un quartier, ce sont les jardins communautaires ou partagés qui se sont largement développés, notamment parmi les jeunes générations devenues très préoccupées par les questions relatives aux OGM ou aux aliments transformés. Enfin, les consommateurs ont aussi désormais la possibilité de cultiver fruits et légumes chez eux grâce aux designers et start-upers (Prêt-à-Pousser) qui inventent outils et installations malignes pour rendre l’agriculture à domicile à la fois accessible et abordable.

Data food

Technologie et alimentation s’accouplent pour permettre aux consommateurs de manger plus sain et plus équilibré. L’invasion du Big Data est en train de se répandre jusque sur nos tables et dans nos assiettes via l’Internet des Objets, avec le but affiché de réconcilier alimentation et santé et d’apporter plus de commodité et de confort. Grands groupes et start-up se positionnent sur le marché des objets connectés et wearables en proposant des solutions dotées d’une intelligence qui sont la continuité de nos objets du quotidien.

L’intégration des algorithmes dans la vaisselle de table (fourchette HAPIfork, assiette SmartPlate), les ustensiles de cuisine (balance Situ Scale, cocotte-minute Nutricook Connect) ou encore les accessoires (gourde Moikit Seed, oreillette compteuse de calories BitBite, détecteur de gluten Nima), permet une personnalisation toujours plus fine, et la possibilité de suivre et de contrôler ses habitudes alimentaires. Neo Smart Jar, le bocal connecté pour conserver et suivre la consommation des aliments. SmartPlate, l’assiette connectée pour analyser son alimentation qui identifie instantanément les ingrédients et mesure leur apport nutritionnel.

Author : Roxane BACHÉ pour INFluencia

Vignette de l’article : Hamburger végétal – barres de céréales Exo à base de farine de grillon

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